Les usages du numérique dans une politique d’ambassadeurs territoriaux

Biographie

Joseph Godet est titulaire d’un Master en Communication des entreprises obtenu à l’Université Libre de Bruxelles en 2014. Passionné par le marketing territorial, il a effectué un mémoire sur la question des ambassadeurs territoriaux et a développé le réseau des ambassadeurs de la nouvelle marque Wallonia.be à l’Agence Wallonne aux Exportations et aux Investissements Etrangers. Courriel : joseph.godet@gmail.com

Depuis septembre 2011, Olivier Arifon est Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’université libre de Bruxelles. Il a d’abord travaillé huit années comme formateur dans le secteur privé et également deux années comme attaché de coopération universitaire pour le ministère des Affaires étrangères. Depuis 17 ans à l’université, il enseigne l’intelligence économique et le lobbying. Ses recherches portent sur l’influence, dont celle mise en œuvre dans le marketing territorial. Courriel : olivier.arifon@ulb.ac.be

Résumé

Cet article met l’accent sur un enjeu majeur lié au marketing territorial et à la gestion des ambassadeurs territoriaux, à savoir comment rendre l’ambassadeur plus vigilant dans l’utilisation d’informations numériques lui étant destinées lorsqu’il communique. Notre question de recherche vise à identifier les différentes facettes d’un usage du numérique pour et par les ambassadeurs d’un territoire. Ce travail élabore en premier lieu un cadre théorique basé sur une revue de la littérature française et anglo-saxonne permettant de contextualiser le sujet. Ensuite, deux enquêtes sur deux réseaux d’ambassadeurs et entretiens avec des professionnels réalisés présentent différents résultats. Nous constatons des dérives liées aux pratiques de communication des ambassadeurs dues à une faible ou une mauvaise utilisation des offres de services numériques proposées par l’agence coordinatrice du réseau. Des solutions sont apportées pour pallier ces dérives en rendant l’ambassadeur plus consciencieux dans son rôle de prescripteur. Il s’agit de rendre le réseau « semi-ouvert », de segmenter l’offre d’informations lui étant destiné selon les compétences de ses membres, de vulgariser les informations transmises, de rendre claires leurs missions, d’éviter le niveau de saturation, d’engager des coordinateurs de qualité, d’élaborer une charte et enfin, de veiller autant que possible aux contenus de leurs communications sur la toile.

Abstract

The study aims for answers to a major issue about the coordination of the ambassadors in a place marketing strategy, namely how to drive the ambassador more conscientious in using digital information given by the coordinators in order to communicate with the public. Our research question aims at identifying the different sides of the digital use for and by the ambassadors. Firstly, this paper develops a theoretical frame, based upon a French and Anglo-Saxon literature review, which enables a contextualization of the issue. Afterwards surveys on ambassadors’ network and interviews of professionals show some results. We notice some slides linked with ambassadors’ communication practices. Indeed some ambassadors use faintly or wrongly the digital services offered by the network’s coordinators. Solutions were given to mitigate that slides in driving the ambassador more serious in his role of prescriber. It’s about making the network “moderately opened”, segmenting the information offer according to the ambassador’s skills, popularizing the pieces of information that is given to them, making their missions clear, avoiding the saturation point, recruiting quality coordinators, write a charter and then keeping a close watch on the ambassadors’ communication.

Mots-clefs

Marketing territorial, Coproduction, Ambassadeurs,  Réseau, Identité, Usage.

Key words

Place marketing, Co-production, Ambassadors, Network, Identity, Use.

Les usages du numérique dans une politique d’ambassadeurs territoriaux

Introduction

L’enjeu actuel du marketing territorial lié à la mobilisation de multiples acteurs dans la promotion du territoire conduit de plus en plus souvent au développement de démarche d’ambassadeurs territoriaux. Accompagnées d’une stratégie de communication fondée sur la définition d’une identité territoriale cohérente, les démarches de marketing territorial cherchent à coordonner leurs ambassadeurs afin qu’ils fassent rayonner le territoire d’une manière homogène et sans dérives. Aujourd’hui, cette coordination se fait par le biais d’outils online transférant une information numérique aux ambassadeurs et cela semble poser quelques difficultés. Dans ce contexte, notre question de recherche vise à identifier les différentes facettes des usages du numérique pour et par les ambassadeurs d’un territoire et leurs possibles contradictions.

Pour répondre à cette problématique, nous avons élaboré une méthodologie propre aux sciences humaines. Il s’agit premièrement d’une revue de littérature basée sur la lecture d’ouvrages, d’articles scientifiques et de blogs spécialisés français et anglo-saxons. Deuxièmement, en 2010-2011, un partenariat de recherche avec la région Alsace a fourni des résultats pratiques. Troisièmement, une veille a été réalisée au sein de différentes démarches de marketing territorial européen ayant un programme d’ambassadeurs. Quatrièmement, une enquête sur un échantillon représentatif a été adressée aux ambassadeurs d’OnlyLyon et Nord-Pas-de-Calais, La Créativallée. La méthode de recrutement est « aléatoire simple » et son mode d’administration est auto-administré par mail. Il y a eu 115 répondants au questionnaire destiné à OnlyLyon sur un univers de 14 900 ambassadeurs et 74 répondants au questionnaire destiné à Nord-Pas de Calais, La Créativallée sur un univers de 1300 ambassadeurs. Cela signifie que les marges d’erreur pour le calcul de proportion varient de 4 à 9 % pour Nord-Pas de Calais, La Créativallée et de 3 à 8 % pour OnlyLyon, selon la proportion calculée. Cinquièmement, des entretiens de recherche avec les responsables des communautés d’ambassadeurs des deux démarches citées ci-dessus ainsi que des professionnels du sujet complètent la méthodologie de recherche.

Territoires et complexité

Le marketing territorial, parfois aussi dénommé intelligence territoriale, offre des opportunités intéressantes dans la recherche en communication puisqu’il questionne les usages et pratiques numériques, la géographie, la gouvernance ou encore les échelles d’identités dans des ensembles plus ou moins vastes. Faisant face à la concurrence internationale et en vue d’attirer des emplois, entreprises, résidents et touristes, les villes et territoires développent des stratégies de marketing territorial. Cette discipline tente de répondre donc à la question de l’identité, un enjeu capital lié aux technologies de l’information et de la communication et aux défis que rencontrent Etats et territoires dans la gouvernance de leurs projets.

Le marketing territorial ou urbain, le city marketing ainsi que le city branding peuvent être inclus dans une même catégorie, c’est-à-dire celle liée aux méthodes utilisées pour la promotion des territoires. Les subtiles différences entre ces termes restent vagues : parfois, ils se concentrent sur le marketing pour attirer le tourisme, d’autres fois sur les éléments distinctifs du territoire pour développer une marque unique qui attirerait des touristes, étudiants, investisseurs et des chefs d’entreprise. En outre, comme la mondialisation, la décentralisation et le marché unique européen ont favorisé la circulation des capitaux, des biens et des personnes, le développement des TIC, qui a un impact sur de tels phénomènes, peut être vu comme un moyen permettant aux acteurs de dépasser les frontières géographiques dessinées par les Etats nations.

Définir un marketing intégré et adapté à la dimension systémique d’un territoire est nécessaire, car, en toute logique, personne ne peut changer le paysage et les façades des villes qui composent ce territoire. Gollain propose la définition suivante du marketing territorial : « L’effort d’attractivité des territoires à des marchés concurrentiels pour influencer, en leur faveur, le comportement de leurs publics par une offre dont la valeur perçue est durablement supérieure à celles des concurrents. La démarche de marketing territorial est robuste et permet d’évaluer la situation du territoire, de définir les objectifs de la stratégie marketing.»

Nous proposons d’ajouter à cette définition un autre angle centré sur la mobilisation des parties prenantes autour du projet. La mobilisation des ressources du territoire par les parties prenantes avec ses différentes cultures demande des efforts et de la coordination. Par exemple, les universités, le tourisme ou les organisations orientées affaires ont différentes méthodes, chacune reliée à un registre adapté à leur public spécifique. Durant notre recherche en partenariat avec la région Alsace en 2010-2011, nous avons noté combien la coordination des protagonistes est une dimension importante. Les protagonistes doivent développer une vision commune et apprendre à travailler ensemble pour mettre en œuvre des stratégies et des valeurs partagées avec leur organisation. En France, un tel processus n’est pas courant, car les protagonistes sont habitués à discuter directement avec les administrations de l’Etat.

Selon des chercheurs en géographie et urbanisme, il est nécessaire d’expliquer que le marketing territorial est une approche systémique reposant sur trois registres :

  • La géographie avec les infrastructures, les activités sociales et économiques ;
  • L’information avec les types de relations entre le territoire et ses arrière-pays, les modalités de connectivité permises par les TIC ;
  • Le symbolique. Ce sont des dimensions culturelles souvent basées sur des symboles historiques et sociaux. Par exemple, la région Alsace près de la frontière allemande a, parmi d’autres, deux caractéristiques : la première est une cigogne, la seconde est une relation amour-haine avec ses voisins allemands mettant en lumière les multiples conflits à travers l’histoire. Ce point contribue souvent à caractériser l’identité des habitants.

Coordination des parties prenantes et communication

Ce cadre nous permet de relier des paysages physiques et des symboles à un niveau local et global à travers la communication et l’identité. En d’autres termes, le marketing territorial contribue à mettre en lumière un espace unique qui pourrait être partagé par plusieurs types de populations à travers leurs propres pratiques au sein du territoire. Les dimensions physiques sont liées à la géographie des individus et des institutions ; les dimensions informatives font référence au groupe social du territoire et leur moyen de communication ; les aspects symboliques sont délégués à plusieurs parties prenantes incluant les institutions (chambre de commerce, universités, offices du tourisme, hôtel de ville) et des parties prenantes privées telles que le gestionnaire d’un aéroport, désignées pour mettre en valeur la marque et la campagne. En bref, la coordination des parties prenantes est cruciale dans une stratégie de marketing territorial.

Avant le développement du marketing territorial, les parties prenantes fonctionnaient de manière indépendante, sans coordination excepté quand quelques hommes politiques étaient particulièrement influents et s’engageaient dans l’organisation de leur territoire. Désormais, avec les TIC, en particulier le web 2.0, les interactions sont essentielles pour le succès d’un projet. Ces réseaux physiques et digitaux mènent à la mobilisation des compétences locales sous une stratégie de marque partagée. Cela facilite également la connectivité permettant une meilleure diffusion de l’information et l’amélioration des compétences.

Aujourd’hui, l’analyse des villes dans les travaux de Sassen met l’accent sur le capital, l’humain ou les fluctuations d’idées, où une métropole est considérée comme étant un centre dans le système économique. De plus, selon Castells, nos sociétés sont organisées en réseaux et les combinaisons ne sont pas simplement globales ou locales, mais simultanées.

Les capacités à communiquer et à attirer des capitaux, des hommes ou des idées deviennent un élément significatif dans le classement d’une ville. Selon Sassen, une métropole offre des attraits et des activités stimulantes (recherche, business, arts, culture, etc.) et est un endroit où le capital, l’information, les idées, les produits et les personnes peuvent se rencontrer et interagir. La ville est un endroit de décisions, en particulier lorsqu’elle offre un lieu pour les sièges sociaux des multinationales (spécifiquement celles du monde de la finance, de la technologie et des médias) et permet d’effectuer du networking, qui s’enrichissent eux-mêmes et enrichissent la ville.

La perception d’une ville est partiellement déterminée par la mobilité, une économie flexible, la technologie et les flux humains. Il s’agit dès lors, pour assurer son rayonnement, d’élaborer une stratégie de communication collective impliquant toutes les parties prenantes jouant un rôle dans le développement des caractéristiques citées.

Nous avons identifié six variables afin d’analyser la communication de marketing territorial. Il s’agit de : plateforme internet avec médias sociaux ; des événements dans le pays et à l’étranger ; un système d’ambassadeurs fonctionnant sur une base volontaire, réuni dans un réseau soutenu par un coordinateur. En outre, une marque partagée pour les touristes de la ville et les partenaires institutionnels existe également. C’est l’aspect le plus connu et le plus visible, l’existence d’une marque, un City branding. La dernière variable, plus spécifique, est la capacité à prendre part à des salons, les deux plus grands sont MIPIM à Cannes et Exporeal à Munich.

Réseau d’ambassadeurs et enjeu de la transmission de l’identité

On l’a vu, « l’un des facteurs clés de succès du marketing territorial réside donc dans cette capacité à se faire mouvoir l’ensemble des acteurs d’un territoire au service du projet». Nous examinons ici un exemple concret de coordination d’acteurs du territoire agissant pour la promotion de ce dernier. Il s’agit d’un réseau d’ambassadeurs. L’agence coordinatrice rentrant en interaction avec ces acteurs essentiellement via les TIC afin de les coordonner, nous allons tenter de montrer comment les ambassadeurs utilisent l’information numérique fournie afin qu’ils puissent promouvoir le territoire et les problèmes potentiels.

Définissons tout d’abord ce qu’est un ambassadeur dans une démarche de marketing territorial. Il est « un individu constituant un témoignage crédible du caractère distinctif du territoire et de son attractivité, et peut à travers le bouche-à-oreille influencer ses réseaux et ses relations ». Cet individu volontaire et investi d’un rôle de messager bénévole fait partie d’un réseau qui peut être différent selon les démarches. Marcus Anderson et Per Ekman proposent une typologie permettant de catégoriser les types de réseau d’ambassadeurs.

  • Le réseau peut être composé d’individus vivant sur le territoire et/ou vivant hors du territoire. Le principal objectif d’un réseau local est de promouvoir l’engagement et la fierté de ce dernier. En ce qui concerne le réseau d’individus vivant ailleurs, il a l’avantage de pouvoir jouir de la puissance de communication qui se trouve dans les connexions avec les gens et les réseaux situés dans les autres villes, régions ou pays.
  • Le réseau peut être ouvert ou exclusif. Le réseau ouvert tend à être rejoint par autant de personnes possibles et tire avantage de l’augmentation exponentielle du nombre de connexions avec le monde environnant. Le réseau exclusif contient des personnes choisies pour leur profession ou leur position. Ce réseau est plus petit et il s’y crée un sentiment d’intimité permettant d’atteindre un meilleur niveau d’interactions.
  • Enfin, en ce qui concerne les participants, le réseau peut être limité ou illimité. Plus le réseau est grand, plus il obtiendra de connexions avec l’extérieur. Néanmoins, un grand réseau est plus difficile et plus cher à gouverner et il est plus compliqué d’engendrer des interactions entre les membres.

Généralement, les ambassadeurs ont un double rôle. Ils doivent, comme il a été dit, d’une part relayer l’identité du territoire auprès de l’ensemble de leurs contacts et de leur réseau (rôle de prescripteur) et d’autre part, il leur est demandé de faire remonter à l’agence pilote les informations qu’ils recueillent lorsqu’ils détectent des signaux liés à une opportunité de développement pour le territoire.

Un réseau d’ambassadeurs est par essence peu qualitatif. Il regroupe en effet des personnes ayant des parcours ainsi que des valeurs, des attentes et des motivations différentes par rapport au territoire. En outre, ces individus différents ne sont pas des professionnels de la communication. Cela implique une communication de leur part ne reflétant pas forcément l’identité du territoire que la démarche de marque cherche à promouvoir. Un des enjeux d’une stratégie d’ambassadeurs est donc  la coordination du réseau afin que ces derniers communiquent vers l’extérieur des messages homogènes reflétant l’identité prônée par la démarche de marketing territorial. Les usages des TIC interviennent dans ce contexte.

TIC, coordination du réseau et dérives des ambassadeurs

Pour tenter de répondre à cet enjeu, l’organisation chargée de la gestion du réseau nomme des coordinateurs, souvent des community managers, ayant pour rôle de fédérer un grand nombre d’individus (15 000 ambassadeurs pour OnlyLyon par exemple) et les guider en leur offrant des offres de services adéquates. Ces offres de services doivent permettre de transmettre aux ambassadeurs des informations à relayer, de répondre à leurs questions, de les mettre en réseau, etc. afin qu’ils assurent une promotion du territoire la plus homogène possible. Il existe des outils online et offline permettant aux coordinateurs d’interagir avec les ambassadeurs. Les offres offline sont par exemple les réunions de type physique entre ambassadeurs et coordinateurs qui peuvent se décliner sous forme d’apéritifs géants (ou non), de visites d’entreprises de la région, de formations liées à la communication territoriale, etc.

Toutefois, cette coordination se fait aujourd’hui essentiellement par l’intermédiaire de plateformes et outils online. Les offres online, aujourd’hui nombreuses et souvent peu coûteuses, se regroupent souvent sous le site internet officiel du territoire pour sa démarche de marketing territorial. Ainsi, au sein de ce site, on y retrouve un extranet réservé sous forme de plateforme 2.0, un blog, des liens pour la page Facebook et le compte Twitter du territoire, un kit de promotion, des vidéos explicatives, les services d’un community manager, etc. Par ailleurs, il existe certains outils plus spécifiques tels que l’application smartphone ou le widget. Tous ces outils contribuant à transférer de l’information aux ambassadeurs afin que ces derniers s’en inspirent pour communiquer vers l’extérieur permettent de contourner la barrière de la distance physique.

Les coordinateurs du réseau ayant fourni divers outils, la plupart du temps online, libre à ces derniers de les utiliser ou non dans leur communication face aux publics. Comment agissent-ils concrètement ? D’après deux études de cas menées en 2012-2014 avec les démarches OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée, des dérives ont été constatées au sein du discours promotionnel développé par les ambassadeurs. La première est liée à une faible utilisation des offres de services proposées par les coordinateurs, la deuxième est liée à une mauvaise utilisation.

Les dérives où les ambassadeurs utilisent très peu les outils mis à leur disposition sont visibles avec le cas du dispositif du Nord-Pas de Calais, La Créativallée qui constitue un exemple assez révélateur. En effet, on peut clairement voir (dans l’enquête réalisée en 2014) que les ambassadeurs communiquent énormément à propos de culture (64 %, marge d’erreur : 9,4 %) et de tourisme (36 %, marge d’erreur : 9,4 %) alors que la démarche de marketing territorial mise en place tente uniquement de promouvoir la région Nord-Pas-de-Calais dans sa dimension entrepreneuriale et économique.

Fig.1 : Proportion des ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée communiquant à propos d’un certain type d’informations.

Cette tendance de la part des ambassadeurs de Nord-Pas-de-Calais, La Créativallée à communiquer à propos d’aspects de la région qui sont hors du champ de l’identité qu’elle souhaite se donner dans sa quête d’attractivité est confirmée par Mathilde Fernet : « On se rendait compte du décalage entre ce que les ambassadeurs disaient et les messages que l’on souhaitait faire passer. Très souvent, les ambassadeurs se limitent à la culture, au sport, la gastronomie, etc. »

En outre, des dérives liées à la mauvaise utilisation des offres de service sont à déplorer et se constatent parmi certains ambassadeurs d’OnlyLyon. Marion Chaparro, la community manager de ce réseau, explique que certains utilisent le logo de la marque au lieu de celui leur étant destiné ou modifient ce dernier au niveau de la forme. En clair, soit certains ambassadeurs ne prennent pas le temps de prendre le logo étant destiné à leur communication (qui est disponible au sein du kit de promotion présent sur le site internet), soit certains prennent le bon, mais changent la couleur, la forme, etc. Cela vient entacher la cohérence et l’harmonie des communications des ambassadeurs qui doivent se faire sous le même et unique logo.

Il est donc important de signaler que l’utilisation d’outils numériques de la part des coordinateurs du réseau d’ambassadeurs permet bien de rentrer en interaction avec beaucoup d’adhérents, mais, concrètement, pour certains ambassadeurs, le message ne passe pas ou passe mal.

Processus d’engagement et conditions d’attention

Après avoir constaté les dérives de sa communication, il semble logique qu’il faille trouver un moyen de rendre l’ambassadeur plus consciencieux, plus attentif lorsqu’il élabore ses discours (de sa source d’inspiration à sa réalisation). Il s’agit de déterminer quelles pourraient être les solutions à apporter afin de permettre une meilleure pénétration et compréhension de l’information numérique à destination des ambassadeurs afin qu’ils agissent avec le moins de dérives possible.

Aujourd’hui, les agences coordinatrices des réseaux d’ambassadeurs se soucient peu du fait que l’ambassadeur soit attentif et précis dans son rôle. Elles se focalisent plutôt sur d’autres enjeux qui se situent en amont. Pour elles, le processus d’engagement de l’ambassadeur avec le projet de promotion du territoire trouve sa démarche ultime dans l’action de l’ambassadeur et non dans l’attention de l’ambassadeur à agir sans dérives.

Une pyramide du processus d’engagement inspirée de la pyramide de Maslow nous sert de cadre d’analyse de cette tendance. Elle se compose, à sa base, du niveau d’appartenance de l’ambassadeur avec le territoire.

Si le niveau d’appartenance est satisfaisant, l’agence coordinatrice du réseau tente de rendre fier l’ambassadeur. Il s’agit de le rendre fier par rapport au territoire, mais aussi à la démarche de marketing territorial entreprise. Vient ensuite le niveau lié à la motivation. Il implique de rendre l’ambassadeur motivé et impliqué par rapport au projet. Enfin, si toutes les étapes sont franchies, l’agence coordinatrice tente de faire agir concrètement l’ambassadeur. Il s’agit essentiellement d’actions de communication et de détection d’informations utiles au territoire.

Ce modèle relatif au processus d’engagement de l’ambassadeur sert de référence aux principales agences coordinatrices agissant pour impliquer au mieux les ambassadeurs. Cela mène ces dernières à considérer, pour le moment, que faire agir l’ambassadeur coûte que coûte est le but à atteindre.

Fig.2 : Niveaux d’engagement des ambassadeurs

La plupart des démarches d’ambassadeurs existant depuis quelques années sont en train d’essayer d’atteindre ce quatrième niveau d’engagement, à savoir l’action. Cela peut s’observer avec OnlyLyon par exemple. Leurs ambassadeurs ont franchi la troisième étape : motivation, et les coordinateurs tentent de les faire rentrer petit à petit dans la quatrième : action. D’ailleurs, la plupart des messages adressés aux ambassadeurs de la part des coordinateurs depuis 2014 ont pour but de faire agir l’ambassadeur. Un bon exemple est la campagne OnlyLyon « 1 ambassadeur – 1 action » qui incite les ambassadeurs à agir comme communicant, mais aussi comme détecteur de signaux liés à des projets de développement.

Désormais, grâce à l’étude menée sur les dérives issues des communications des ambassadeurs, nous proposons de considérer un nouvel échelon dans le processus d’engagement de l’ambassadeur. Situé au sommet de la pyramide, ce « nouveau » niveau ultime d’engagement de l’ambassadeur doit tenter de créer chez l’ambassadeur, chaque fois qu’il communique, un niveau d’attention. En effet, il serait judicieux de penser à rendre attentif et vigilant l’ambassadeur qui agit au nom du territoire surtout quand le réseau contient un très grand nombre d’adhérents.

Fig.3 : Actualisation des niveaux d’engagement des ambassadeurs

Pour résumer, les coordinateurs portent aujourd’hui leur attention sur le fait de faire agir l’ambassadeur. Cela passe par des démarches effectuées en amont visant premièrement à créer un sentiment d’appartenance chez l’ambassadeur par rapport au territoire, deuxièmement le rendre fier de celui-ci, et troisièmement le motiver par rapport à la démarche.

Faire agir l’ambassadeur est aujourd’hui relativement aisé grâce à l’information numérique et à la l’usage des TIC et à la connectivité. Néanmoins, il paraît important (au vu des dérives constatées) de faire agir l’ambassadeur d’une façon à ce que l’identité prônée du territoire soit reflétée correctement dans son discours. En d’autres termes, il faut rendre l’ambassadeur attentif. Ces solutions sont articulées autour des deux objectifs suivants : rendre l’ambassadeur plus attentif à l’information numérique qu’il peut relayer, et respectueux des consignes demandées.

Des solutions pour des actions sans dérives

Nous avons identifié plusieurs solutions provenant d’entretiens et de lectures. Il est tout d’abord conseillé de rendre le réseau « semi-ouvert ». C’est-à-dire qu’il est nécessaire d’établir un mode de sélection des prétendants au rôle d’ambassadeur. Cette vision est partagée par de nombreux experts. Pour Jean-Marc Devanne, une précaution à prendre pour rendre un réseau qualitatif est la sélection des membres de ce dernier. Pour Joël Gayet : « Les critères de recrutement [des ambassadeurs] et les engagements demandés doivent être réels.» Pour Marcus Anderson, directeur et chercheur à Geobrands, cabinet-conseil en marketing territorial en Suède, il faut « être sûr que les ambassadeurs qui ont été choisis sont motivés pour soutenir l’identité de la marque, par exemple à travers un processus de sélection ».

Le recrutement d’ambassadeurs ne doit néanmoins pas être trop sélectif. En effet, cela pourrait créer une certaine jalousie de la part des individus n’ayant pu le rejoindre et ainsi, une mauvaise publicité pourrait se créer au niveau local via les médias sociaux. Le réseau semi-ouvert implique donc de faire une sélection légère, mais pertinente afin de recruter les individus voulant réellement participer à la promotion du territoire et qui semblent prendre cette activité avec un certain sérieux ou même avec professionnalisme. En outre, il faut s’assurer que les futurs ambassadeurs ont compris la démarche de marketing territorial initiée par le territoire. Dès lors, en plus de demander les coordonnées et secteurs d’activité du futur adhérent, il faudrait rajouter des questions pour tester ce dernier sur ses capacités à promouvoir correctement le territoire. Un bon exemple en est le questionnaire créé par Wallonia.be, la nouvelle marque de la Wallonie. Enfin, il est conseillé de recruter des individus vivant sur le territoire, mais également hors du territoire. Cela permet au réseau de jouir de la créativité des ambassadeurs locaux pour des démarches de cocréation (actions gérées par les gestionnaires de la marque et certains ambassadeurs), mais aussi de pouvoir profiter de la valeur de connexion engendrée par la bouche à oreille des ambassadeurs expatriés.

La deuxième solution exige de la part des coordinateurs de démarches de marketing territorial globales – comme OnlyLyon – d’organiser leur réseau selon les compétences de leurs ambassadeurs. Donner un rôle particulier aux ambassadeurs selon leur compétence est tout à fait intéressant. Grâce à cela, les informations fournies par les coordinateurs peuvent être segmentées et envoyées aux ambassadeurs concernés selon la nature de ces dernières. Ainsi, cela permet de profiter des forces propres à chaque ambassadeur. Autrement dit, pour éviter que les ambassadeurs se trompent dans leurs communications lorsqu’ils s’inspirent d’informations générales fournies par les coordinateurs, il serait judicieux de leur envoyer directement l’information qui les intéresse et qu’ils maîtrisent. Ils ne devront pas effectuer eux-mêmes le tri parmi la masse d’informations fournies et pouvant les décourager dans leur rôle de communicant. En clair, donner un rôle particulier aux ambassadeurs selon leurs compétences semble être intéressant pour améliorer le relais des informations fournies par les coordinateurs aux ambassadeurs. Ils seront en effet plus motivés à les relayer et le feront – plus ou moins – correctement, car ils la maîtrisent.

Prenons un exemple : un ambassadeur entrepreneur intéressé par l’économie de son territoire doit pouvoir bénéficier directement des informations de type économique. Cela permet de ne pas noyer cet ambassadeur parmi une masse d’informations qui parfois ne l’intéressent pas et qu’il est moins apte à utiliser correctement.

Selon un article posté via le blog BrandingMyCity, il serait judicieux de créer des catégories d’ambassadeurs :

  • Invest pour les chefs d’entreprise ou les cadres (visée économique)
  • Study pour les chercheurs et les doctorants (visée académique)
  • Visit pour les professionnels de l’animation et du tourisme
  • Live pour les autres cas (habitants, étudiants, sportifs, etc.)

Concrètement, le futur ambassadeur devrait sélectionner dès son inscription une ou plusieurs de ces catégories correspondant à son domaine d’activité ou ses intérêts. La possibilité de choisir plusieurs catégories est primordiale. En effet, il est évident qu’un chef d’entreprise peut maîtriser les informations économiques, mais aussi être intéressé par la culture. Une fois la ou les catégories sélectionnées, cet ambassadeur recevra de l’information en rapport avec celles-ci. Il lui sera également proposé des argumentaires, des news sur l’extranet dédié en rapport avec la ou les catégories choisies.

A côté de la segmentation de l’offre d’informations proposée aux ambassadeurs par les coordinateurs, il est également important de rendre cette dernière simple à comprendre. Il est évident que simplifier le message adressé aux ambassadeurs pour qu’ils le relaient est pertinent pour éviter que des erreurs de codage-recodage s’opèrent. Simplifier le message ne signifie pas le rendre sans fond. L’essence, le fond du message doit rester intact, mais la forme peut être simplifiée, vulgarisée pour qu’il soit plus simple à relayer ou plus simple à être pris comme source d’inspiration pour les messages des ambassadeurs vers les publics.

La solution suivante est de rendre claires, précises et compréhensibles les missions demandées aux ambassadeurs par les coordinateurs. Les missions doivent clairement apparaître sur le site internet de la démarche et être compréhensibles afin que les ambassadeurs sachent ce qui est attendu de leur part et qu’ils tentent d’agir en conséquence.

Ensuite, afin d’éviter que les ambassadeurs se lassent de lire les messages venant des coordinateurs, il serait judicieux de ne pas en envoyer trop souvent. Afin que les ambassadeurs restent motivés à l’idée de recevoir et de lire les messages issus des coordinateurs, il ne faut pas les noyer dans une masse d’informations. Prenons l’exemple d’une newsletter. Il est important d’en envoyer au maximum une toutes les deux semaines. Selon Mathilde Fernet, une des responsables du réseau d’ambassadeurs de Nord-Pas-de-Calais, La Créativallée, l’envoi plus fréquent de la newsletter risque de saturer les ambassadeurs et d’entraîner, de facto, une réticence à la lecture de ces nouvelles dès lors trop encombrantes.

Pour pouvoir fournir aux ambassadeurs une offre de services de qualité, il est indispensable d’avoir des moyens financiers et humains importants. Il faut « rendre fiable la capacité d’organisation [du réseau] avant d’appuyer sur le bouton démarrer ». Des moyens financiers doivent en effet être débloqués afin de permettre la création d’outils pour communiquer aux ambassadeurs, mais aussi les gérer. En outre, les moyens financiers permettent de payer les services des coordinateurs qui constituent les moyens humains indispensables au bon fonctionnement du réseau et à sa qualité.

Il faut s’assurer que les coordinateurs engagés répondent à quatre critères majeurs correspondant à leurs compétences : « Des compétences en networking, des connaissances en marketing territorial, des compétences dans les TIC et enfin des compétences de rédaction.»

Les compétences dans les TIC signifient, selon nous, maîtriser la gestion des mots clés liés au référencement, la création vidéo, les outils d’édition et création numériques, et le marketing viral online. « Les compétences de rédaction », quant à elles, signifient avoir la capacité à « transmettre correctement les valeurs de la marque et donner un ton en accord avec elle». Donner le bon ton signifie « maîtriser sa langue et ancrer son discours au moyen d’un corpus de mots-clés qui permettront de clarifier l’offre, d’insister sur ses avantages et dans le même temps de renseigner l’image de la marque ». Cette compétence est tout à fait primordiale.

Enfin, une dernière solution est la charte (qui s’apparente aux conditions générales d’utilisation) qui unit l’agence coordinatrice au réseau d’ambassadeurs. La charte est une couverture juridique permettant aux coordinateurs d’encadrer certaines actions des ambassadeurs ; la plus courante étant le fait d’utiliser, de la part de l’ambassadeur, le logo de la démarche dans des démarches commerciales. L’acceptation d’une charte est une condition sine qua non à l’inscription effective de l’ambassadeur au sein du réseau afin de permettre à la démarche de marketing territorial de jouir d’une protection juridique.

Si toutefois, malgré toutes les précautions prises, certains ambassadeurs communiquent avec des dérives, il est utile de pouvoir les repérer et de les rectifier. Il existe des programmes tels que les alertes produites par certains fournisseurs internet (alerte Google par exemple) qui permettent de traquer au quotidien comment la marque évolue sur la toile. A côté de cela, certains ambassadeurs peuvent faire remarquer, via le community manager du réseau, certaines pratiques exécutées par d’autres ambassadeurs et qui semblent erronées. Une fois les dérives repérées, il importe aux coordinateurs de rectifier l’erreur si possible et de contacter l’ambassadeur pour lui expliquer pourquoi son message était erroné.

Conclusion

Pour conclure, nous pouvons dire qu’aujourd’hui, une démarche de marketing territorial tient en partie son succès de la coproduction exécutée entre les parties prenantes liées au projet. La mise en réseau et la bonne gestion des différents acteurs impliqués constituent dès lors un enjeu essentiel pour tout territoire désirant améliorer son rayonnement. En outre, les TIC facilitent la coordination au sein de ces acteurs. Ceci a été démontré concrètement avec le réseau des ambassadeurs, partie prenante de plus en plus présente au sein des démarches de marketing territorial. En effet, la multiplication des plateformes online de plus en plus performantes, interactives, originales et intuitives permet aux coordinateurs de rentrer plus aisément dans un processus de communication avec le réseau. Néanmoins, des dérives surviennent. Rendre l’information numérique disponible à un très grand nombre d’ambassadeurs ne signifie pas une utilisation optimale de leur part. Cela a pu être mis en lumière avec les démarches OnlyLyon et Nord-Pas-de-Calais, La Créativallée. On y constate que certains ambassadeurs n’utilisent pas ou utilisent mal l’information proposée. Des solutions peuvent être apportées à côté de ces outils numériques pour créer les conditions d’une meilleure attention de la part des ambassadeurs lorsqu’ils élaborent des messages promotionnels, de leur création à leur diffusion. Il s’agit de développer un réseau « semi-ouvert », de segmenter les ambassadeurs selon leurs compétences, de vulgariser les informations transmises, de rendre claires leurs missions, d’éviter le niveau de saturation, d’engager des coordinateurs de qualité, d’élaborer une charte et enfin, de surveiller autant que possible les communications.

Par ailleurs, l’identité d’un territoire est le produit d’une réflexion menée par les agences et acteurs du marketing territorial et, en même temps, une dimension que l’on demande aux ambassadeurs territoriaux de promouvoir. Toutefois, les ambassadeurs sont des individus percevant le territoire et sa démarche de marketing de manière propre à chacun. De plus, ils agissent bénévolement. Cela conduit à des usages multiples des outils physiques et numériques mis à leur disposition qu’il serait nécessaire d’homogénéiser pour assurer le développement d’une image territoriale cohérente en direction du public final. Ainsi, l’enjeu d’un travail sur l’identité d’un territoire apparaît comme un phénomène s’inscrivant au croisement des TIC et de l’engagement individuel d’acteurs volontaires.

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Les TIC au service du réseau d’ambassadeurs

Depuis quelques années, les réseaux d’ambassadeurs semblent jouir des bienfaits de l’évolution des TIC. Cet article tente de démontrer en quoi les avancées faites dans les TIC sont si bénéfiques à ces réseaux et à leur bon fonctionnement.

Définissons tout d’abord ce qu’est un ambassadeur dans une démarche de marketing territorial. Il est « un individu constituant un témoignage crédible du caractère distinctif du territoire et de son attractivité, et peut à travers le bouche-à-oreille influencer ses réseaux et ses relations[1] ». Cet individu volontaire et investi d’un rôle de messager bénévole fait partie d’un réseau qui peut être différent selon les démarches – il peut être soit sélectif ou ouvert à tous et limité ou illimité en termes d’adhérents.

La viralité du discours promotionnel

L’évolution dans le domaine des TIC, notamment avec l’avènement du web 2.0 – c’est-à-dire un web interactif et communautaire mettant l’accent sur l’interaction intuitive du site et des internautes et des internautes entre eux contrairement au web 1.0 qui désignait un web statique[2] – a permis aux individus d’être en contact avec un grand nombre de personnes et de communiquer aisément.

Depuis quelques années, les démarches de marketing territorial tentent de bénéficier de ce phénomène à travers un réseau d’ambassadeurs qui ferait la promotion du territoire via ce web de l’interaction. Et cela semble fonctionner car on constate que la communication des ambassadeurs pour faire la promotion de leur territoire via les réseaux sociaux est assez populaire – 1 ambassadeur sur 2 utilise les réseaux sociaux pour communiquer à propos du territoire (ME) – comme le montre le graphique suivant :

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Proportion des ambassadeurs d’OnlyLyon utilisant une certaine forme de communication pour envoyer leurs messages[3].

En plus de permettre aux ambassadeurs internautes de communiquer facilement vers l’extérieur via la toile, les TIC, à travers les réseaux sociaux, permettent à cette communication d’être virale. Et cette viralité devient, dans ce cas-ci, online[4], [5].

En communicant via les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, LinkedIn ou encore les blogs, le discours de l’ambassadeur peut jouir des avantages issus de la communication par le bouche à oreille, ou « bouche-à-souris[6] » dans ce cas-ci. En effet, sur les réseaux sociaux, c’est l’internaute qui parle, en son nom, à ses contacts correspondant à ses connaissances ou à des individus partageant un centre d’intérêt commun. Le discours de l’ambassadeur parait dès lors désintéressé, sans but promotionnel et se propage mieux.

Voici l’exemple d’un discours promotionnel – qui n’en n’a pourtant pas l’air – d’un ambassadeur de la ville de Sapporo (Japon) à travers le hashtag conçu par la démarche #SapporoSmile :

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Un post du compte Twitter de Sapporo Teppanyaki.

En plus de le rendre possible, internet permet à cet effet bouche à oreille de se propager plus loin, plus vite et à plus de personnes. La barrière de l’oralité est contournée par l’interaction online permise par l’évolution des TIC. En effet, les réseaux sociaux permettent aux individus de promouvoir le territoire très rapidement – via la création de posts, l’envoi de commentaires ou de messages personnels – destinées à beaucoup de monde pouvant résider n’importe où – les récepteurs correspondent à leurs contacts du monde entier réunis en une seule plateforme[7].

L’évolution des TIC a donc permis de rendre le discours promotionnel des ambassadeurs plus viral mais ce n’est pas tout. Les TIC ont également rendu possible une gestion aisée du réseau d’ambassadeurs par les coordinateurs de ce dernier.

Une pluralité d’offres de services

Un réseau d’ambassadeurs doit être impérativement géré de la meilleure manière possible car il est par essence peu qualitatif[8]. Il regroupe en effet des personnes ayant des parcours différents, des attentes différentes, des motivations différentes et n’ayant pas les mêmes valeurs à propos du territoire, ce qui implique des communications différentes de leur part. Il incombe donc aux démarches de marketing territorial utilisant un réseau d’ambassadeurs de guider le réseau afin de permettre à tous les adhérents de communiquer des valeurs communes, celles issues de l’identité promue du territoire.

Concrètement, l’organisation en charge de la gestion du réseau doit guider un grand nombre d’individus – 15 000 ambassadeurs pour OnlyLyon par exemple -, en leur offrant des offres de services adéquates – leur communiquer des infos à relayer, répondre à leurs questions, etc.

Cela est aujourd’hui possible de façon très optimale grâce à des plateformes et outils online mises à disposition des ambassadeurs par les coordinateurs et gérées par le community manager de la démarche de marketing territorial. Quels sont ces moyens online permettant de proposer au réseau d’ambassadeurs des offres de services attrayantes donnant envie à ce dernier de les utiliser?

Tout d’abord, précisons que grâce aux avancées faites dans les TIC, il existe une pléthore d’outils, souvent gratuits, permettant aux coordinateurs de communiquer avec le réseau d’ambassadeurs. Cela permet aux coordinateurs d’avoir une grande chance de toucher les ambassadeurs car ils peuvent rentrer en contact avec eux de plusieurs manières.

La première façon de communiquer avec le réseau est le traditionnel extranet destiné à ce dernier. L’extranet peut être comparé à un réseau social limité aux ambassadeurs et aux fonctionnalités restreintes. En effet, en plus de proposer des nouvelles à propos de la marque ou du territoire à relayer, l’extranet donne la possibilité aux ambassadeurs de communiquer entre eux et de poster des nouvelles. En outre, un carnet contenant les différents profils des ambassadeurs est souvent disponible. Il contient les noms, prénoms et parfois les adresses mail et de petits descriptifs des membres.

Précisons également que c’est à travers l’extranet que les ambassadeurs ont la possibilité de rentrer en contact avec le community manager de la démarche et de lui poser des questions.

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L’extranet OnlyLyon [9]

Un autre outil utilisé par certaines démarches est le blog. Il propose généralement des billets sur les actualités du territoire – événements, innovations, moments forts, etc.[10] – et des témoignages d’ambassadeurs[11] ayant agi pour le territoire, qui se renouvellent chaque semaine en moyenne. Les ambassadeurs peuvent lire cette information et la diffuser à leurs contacts.

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Blog de Nord-Pas de Calais, La Créativallée[12]

La page Facebook et le compte Twitter font parties des outils presque systématiquement utilisées par les coordinateurs pour communiquer les ambassadeurs. Il faut signaler par ailleurs que ces informations viennent à l’ambassadeur directement sans volonté particulière de sa part – lorsqu’il consulte son compte Facebook ou Twitter pour n’importe quelle raison. Ce n’est pas le cas, par exemple, avec l’extranet ou le blog qui nécessitent de la part de l’ambassadeur le fait de volontairement vouloir obtenir des informations à propos du territoire ou de la démarche.

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Compte Twitter de marque Bretagne

Un outil peu commun mais qui fait son apparition de plus en plus au sein des démarches de marketing territorial est l’application smartphone. Il s’agit en effet un moyen supplémentaire et relativement original de fournir des informations aux ambassadeurs via une plateforme de plus en plus utilisée par les individus – une personne sur deux en France possède un smartphone[13].

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« Ch’tites Anecdotes ». Cette application disponible sur smartphone uniquement permet aux ambassadeurs l’ayant téléchargée de recevoir des informations liées à l’économie de la région sous forme d’anecdotes.

Un autre service que la plupart des coordinateurs mettent à disposition des ambassadeurs est le kit de promotion. Il contient divers documents – chiffres clés du territoire rendant ce dernier attractif, la présentation de la marque, le logo de la marque, une signature de mail, des photos et la vidéo de présentation de la marque, etc. – permettant aux ambassadeurs de relayer directement de l’information à propos de la marque vers les cibles. Le kit de promotion était, initialement, envoyé physiquement aux ambassadeurs par la poste. Aujourd’hui, il est disponible en ligne sur le site internet de la démarche de marketing territorial.

Cet outil doit être attractif pour qu’une majorité d’ambassadeurs l’utilise – car il permet à l’ambassadeur de communiquer d’une manière précise grâce à des argumentaires faits sur mesure pour lui. Grâce au web 2.0, le kit de promotion semble attirer plus d’ambassadeurs. Cela se voit avec le kit de promotion d’OnlyLyon qui est deux fois plus utilisé par les ambassadeurs que celui de Nord-Pas de Calais, La Créativallée dû en grande partie à sa parfaite intégration des outils web 2.0 rendant le kit plus interactif et intuitif.

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Une offre de service peu utilisée par les démarches mais pourtant intéressante est la vidéo explicative. Expliquer comment jouer son rôle d’ambassadeur de la meilleure manière possible via des capsules vidéo hébergées sur le site internet de la démarche semble en effet être intéressant. Cela permet à l’ambassadeur d’avoir les informations nécessaires par rapport à sa formation assez rapidement et sans devoir se déplacer à des réunions de type physique organisées par les coordinateurs. Il est clair qu’une capsule vidéo est moins efficace qu’une formation en direct, néanmoins, cela permet de toucher beaucoup plus de monde.

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Vidéo de présentation de la démarche d’ambassadeurs du Limousin.

Enfin, le dernier outil lié à l’univers des TIC est la newsletter. Elle consiste souvent en l’envoi mensuel d’informations en rapport avec le territoire ou sa démarche de marketing territorial via e-mail. Les informations issues de la newsletter sont, comme pour celles de la page Facebook ou le compte Twitter, envoyées directement sur une plateforme propre à l’ambassadeur – sa boîte mail en l’occurrence.

Pour conclure, nous pouvons dire que l’évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) a permis de rendre très performant le réseau d’ambassadeurs[16], le rendant très utile dans une démarche de marketing territorial. Les TIC ont en effet permis au réseau d’ambassadeurs de pouvoir jouir d’un pouvoir de communication plus grand grâce aux réseaux sociaux online et d’une meilleure gestion de la part des coordinateurs via des outils directement issus du web 2.0.

[1]« An ambassadorisseen as constituting a credibletestimony of the distinctive character of the place and itsattractiveness, and canthrough the word-of-moutheffect influence othersthroughtheir networks and relationships », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, pp. 41-51, Traduction par l’auteur.

[2]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique des réseaux sociaux, Twitter, Facebook, … des outils pour communiquer, Paris, Dunod, 2010, p. 5.

[3] Données issues du questionnaire sur échantillon adressé aux ambassadeurs d’OnlyLyon

[4]Ankri (Corinne), Lannoo (Pascal), E-marketing…, id.

[5]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique …, p. 120.

[6] « Word-of-mouse », De Pelsmacker (Patrick), Geuens (Maggie), Van den Bergh (Joeri), Marketing communications : a european perspective, Harlow (England), Pearson, 2010, p. 571, Traduction par l’auteur.

[7]De Pelsmacker (Patrick), Geuens (Maggie), Van den Bergh (Joeri), Marketing communications : a european perspective, Harlow (England), Pearson, 2010, p. 572.

[8] Entretien skype avec Benoît Meyronin,  Professeur à Grenoble Ecole de Management et Directeur Associé de l’Académie du Service, le 11/4/2014.

[9] « Accueil », Extranet, Site internet d’OnlyLyon (site officiel de la marque), URL : http://www.onlylyon.org/extranet/accueil.php, consulté le 15/4/2014

[10]A propos, Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités, URL :http://www.creativablog.fr/a-propos/, consulté le 20/3/2014.

[11] Entretien de recherche avec Mathilde Fernetréalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[12] « Accueil », Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL : http://www.creativablog.fr/, consulté le 15/4/2014

[13]« Usages mobiles 2013 : la moitié des Français ont un smart phone », Site internet de France Télévision, URL : http://meta-media.fr/2013/10/07/france-usages-mobiles-2013-la-moitie-des-francais-ont-un-smart-phone.html, consulté le 10/4/2014.

[14]« Accueil », Extranet, Site internet d’OnlyLyon (site officiel de la marque), URL : http://www.onlylyon.org/extranet/accueil.php, consulté le 15/4/2014.

[15]« Home », Extranet, Site internet de Nord-Pas de Calais, La Créatiavallée (site officiel de la démarche de marketing territorial de la région), URL : http://www.ambassadeurs-lacreativallee.com/#fr-FR/ambassadeurs/home, consulté le 15/4/2014

[16]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux d’ambassadeurs, outil et méthode d’intelligence territoriale », Référence Urbanisme, n°378, 2011, p. 8.

Sapporo’lala que c’est drôle

Introduction

Aujourd’hui plus que jamais, une société épanouissante et qui attire les cibles telles que les entrepreneurs, résidents et étudiants est une société qui connait la croissance mais aussi qui procure un cadre de vie agréable. Et cela, la ville de Sapporo (Japon) l’a bien compris.

En effet, « dans le cadre de sa stratégie de développement international, la ville de Sapporo a lancé il y a quelques années un positionnement autour du concept d’une ville qui vous fait sourire » (Source : blog de Vincent Gollain).

L’ambassadeur de la bonne humeur

La question est dès lors la suivante : Comment doit faire un territoire pour montrer que la bonne humeur y est présente ? Via les attractions touristiques ? Via les activités culturelles ? Via le comportement des citoyens ?

Sapporo a misé sur la dernière solution et en a fait la base de son plan de communication de marketing territorial. Elle a en effet demandé à ses citoyens de participer à sa promotion internationale via un comportement de leur part qui soit en lien avec le bonheur.

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En véritable ambassadeur de Sapporo, le citoyen peut agir de différentes manières pour montrer sa bonne humeur à la face du monde.

1) Tweeter ou poster une photo montrant la bonne humeur au sein de la ville avec le hashtag #SapporoSmile

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2) Transporter le logo partout avec soi sous forme de pins ou d’autocollant.

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3) Faire part, sur le site de la démarche, de projets personnels menés dans la ville et qui suscitent la bonne humeur.

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Réflexion sur ce type de réseau

La particularité de ce type de réseau d’ambassadeurs est qu’il exige que le plus grand nombre de citoyens y adhèrent. Le nombre de participants à ce projet de la bonne humeur est la variable la plus importante. En effet, au plus il y a de participants, au plus le message sera propagé. A l’inverse d’un réseau d’ambassadeurs exigeant de ses adhérents triés sur le volet une communication argumentée et de qualité, ce réseau appelle « uniquement » à un comportement basique collectif.

Pour la bonne réalisation de ce projet de réseau d’ambassadeurs plutôt tourné vers le quantitatif, il est primordial de la part des citoyens qu’ils soient fiers de leur ville au point de vouloir agir pour elle. Si une démarche de « pride building » a été effectuée avec succès, c’est-à-dire la fierté apportée collectivement aux citoyens concernant leur territoire, l’action de promotion de leur part se déclenchera naturellement.

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A l’inverse, s’il existe un manque de fierté collective des citoyens concernant leur territoire, l’action de promotion leur étant demandée n’aura que peu de succès.

Joseph Godet

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Réseau d’ambassadeurs : Etat des lieux des offres de services des coordinateurs

Introduction

Le réseau d’ambassadeurs est par essence peu qualitatif[1]. Il regroupe des personnes ayant des parcours différents, des attentes différentes, des motivations différentes et n’ayant pas les mêmes valeurs à propos du territoire, ce qui implique des communications différentes de leur part. Il incombe donc aux démarches de marketing territorial utilisant un réseau d’ambassadeurs de guider le réseau afin de permettre à tous les ambassadeurs de communiquer des valeurs communes, celles issues de l’identité du territoire, rendant ainsi le réseau et leur communication plus qualitatifs. Des « coordinateurs[2] » sont ainsi nommés pour gérer le réseau d’ambassadeurs. Pour aider l’ambassadeur à communiquer efficacement, les coordinateurs proposent à ce dernier des offres de services lui permettant de remplir pleinement sa mission de communicant[3]. Une typologie a été effectuée permettant ainsi de classer par type de service, les offres proposées par les coordinateurs aux ambassadeurs. En outre, ces services sont exemplifiés par la marque OnlyLyon et la démarche Nord-Pas de Calais, La Créativallée.

Le kit de promotion

Le service que la plupart des coordinateurs mettent à disposition des ambassadeurs est le kit de promotion. Il contient divers documents et des argumentaires permettant aux ambassadeurs de relayer directement de l’information à propos de la marque vers les cibles. L’ambassadeur peut en outre, au lieu de directement envoyer les argumentaires aux cibles, simplement s’en inspirer et ne prendre que les informations pertinentes à ses yeux pour recréer un message plus personnalisé. Le kit de promotion est disponible en ligne sur le site internet de la démarche de marketing territorial ou peut même, dans certains cas, être obtenu physiquement et être envoyé aux ambassadeurs par la poste. Cet outil est très intéressant car il permet à la communication de l’ambassadeur, s’il l’utilise correctement, d’être parfaitement ajustée sur l’identité prônée par le territoire. En effet, cet outil est fait sur mesure pour l’ambassadeur car il contient uniquement des informations pertinentes, claires et directement prêtes à pouvoir être utilisées par ce dernier.

Son efficacité n’est plus à prouver. En effet, il est utilisé depuis longtemps et dans d’autres disciplines. Effectivement, le kit de promotion était utilisé dans la propagande politique des agitateurs en Russie début du XXe siècle sous forme d’envoi de documentations. La comparaison entre la propagande de la rébellion bolchévique menant à la révolution russe de 1917 et la démarche des ambassadeurs semble à première vue ubuesque, mais ne l’est pas. Afin de renverser le pouvoir tsariste en place, les bolchéviques ont usé de la propagande politique notamment en donnant de l’importance à l’agitation orale, c’est-à-dire à un réseau de révolutionnaires. Ce dernier parcourant les régions afin d’étendre la propagande bolchévique aux citoyens dans le but de les rallier à leur cause. Le parti bolchéviste était chargé de fournir les directives claires aux agitateurs via l’envoi de documentations afin que ceux-ci aient une base d’informations sur laquelle s’appuyer lors de leur prise de parole[4].

Lenine

Revenons au marketing territorial. OnlyLyon propose un kit de promotion, disponible sur son site internet, contenant des argumentaires comme les chiffres clés du territoire rendant ce dernier attractif, la présentation de la marque, etc[5]. Il propose également différents documents comme le logo de la marque, une signature de mail, des photos et la vidéo de présentation de la marque. C’est exactement ce que propose Nord-Pas de Calais, La Créativallée dans son kit de promotion. Néanmoins, son kit est beaucoup moins interactif. Il se situe de manière peu visible sur l’intranet dédié aux ambassadeurs en un fichier à télécharger alors que celui d’OnlyLyon propose son kit déjà ouvert sur la plateforme intranet dédiée aux ambassadeurs.

Extranet dédié aux ambassadeurs

La plupart des démarches de marketing territorial ayant un réseau d’ambassadeurs propose un extranet destiné à ce dernier. L’extranet peut être comparé à un réseau social restreint aux ambassadeurs et aux fonctionnalités limitées. Il propose en effet aux ambassadeurs de communiquer entre eux et de poster des nouvelles. En outre, un carnet contenant les différents profils des ambassadeurs est souvent disponible. Il contient les noms, prénoms et parfois les adresses mail et de petits descriptifs des personnes. Enfin, l’extranet est une plateforme où les coordinateurs de la démarche postent des nouvelles à propos de la marque ou du territoire.

Si le Nord-Pas de Calais, La Créativallée semble ne pas se servir de cette plateforme pour envoyer de l’information liée à l’actualité du territoire aux ambassadeurs, OnlyLyon[6], elle, le fait. La marque propose au sein de son extranet des actualités pouvant être reprises par les ambassadeurs pour communiquer à leurs contacts. Il s’agit d’informations liées à l’actualité de la marque ou du territoire et destinées à intéresser les publics cibles.

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Extranet OnlyLyon

Site internet de la démarche

Le site internet propose les actualités en lien avec le territoire ou la marque. Il doit transcrire, via les informations fournies, l’identité du territoire dans sa démarche de marketing territorial. En plus de cela, le site propose dans la majorité des cas une explication et justification de la démarche à travers une rubrique et parfois un fichier annexé plus complet. Cette information est la forme vulgarisée de la démarche afin de permettre à quiconque – et donc aussi aux ambassadeurs – de comprendre aisément pourquoi le territoire s’est lancé dans une démarche de marketing territorial. C’est également au sein du site que se trouvent les missions confiées aux ambassadeurs permettant à ces derniers de voir ce qu’on leur demande de faire en tant qu’ambassadeurs. Enfin, le site internet contient également souvent une charte destinée aux ambassadeurs servant à délimiter dans un cadre légal leur rôle et permettant donc à ces derniers de savoir ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire.

OnlyLyon propose, à travers son site onlylyon.org, différentes rubriques avec des informations statiques correspondant aux publics qu’elle souhaite toucher. « Onlylyon.org » propose les rubriques : « visiter », « s’implanter », « vivre » et « étudier ». Ainsi, le site touche toutes les cibles souhaitées via des rubriques censées refléter les éléments de l’identité. Libre à l’ambassadeur de choisir la ou les rubriques qui l’intéresse et de prendre les informations qu’il souhaite communiquer au public. En plus de cela, une rubrique « explication de la démarche » sous forme de fichier pdf présent sur le site présente la démarche de marketing territorial et de branding. Enfin, une explication des missions des ambassadeurs ainsi qu’une charte destinée à cadrer leur rôle sont disponibles dans une rubrique consacrée aux personnes voulant adhérer au réseau.

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Nord-Pas de Calais, La Créativallée a choisi le blog comme site internet de référence pour sa démarche. Concrètement, « créativablog.fr » propose des billets sur les actualités économiques du territoire – événements, innovations, moments forts, etc.[7] – et des témoignages d’ambassadeurs[8] ayant agi pour le territoire dans sa dimension économique, qui se renouvellent chaque semaine en moyenne. Les ambassadeurs peuvent lire cette information plutôt informelle et la diffuser à leurs contacts. En ce qui concerne les informations portant sur la démarche de marketing territorial ou sur les missions des ambassadeurs, elles sont disponibles sur l’extranet destiné aux ambassadeurs.

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Facebook et Twitter

Toutes les marques ou les démarches de marketing territorial proposent une page Facebook ou un compte Twitter. Outre le fait de créer un sentiment d’appartenance au territoire, ces plateformes proposent des informations plutôt insolites ou ayant un rapport avec l’actualité de la région.

OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée ont toutes deux une page Facebook et un compte Twitter. Leurs plateformes proposent régulièrement des nouvelles pouvant être lues par l’ensemble de la communauté les ayant rejointes. La plupart des ambassadeurs y sont également abonnés et peuvent, dès lors, s’inspirer des nouvelles postées sur ces plateformes pour communiquer.

Il faut signaler par ailleurs que ces informations viennent à l’ambassadeur directement sans volonté particulière de sa part – lorsqu’il consulte son compte Facebook ou Twitter. Ce n’est pas le cas, par exemple, avec le site internet ou l’intranet qui nécessitent de la part de l’ambassadeur le fait de volontairement vouloir obtenir des informations à propos du territoire ou de la démarche.

Newsletters

Généralement, une newsletter est proposée aux ambassadeurs. Elle consiste souvent en l’envoi mensuel d’informations en rapport avec le territoire ou sa démarche de marketing territorial via e-mail. Les informations issues de la newsletter sont, comme pour celles de la page Facebook ou le compte Twitter, envoyées directement sur une plateforme propre à l’ambassadeur – sa boîte mail.

OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée envoient des newsletters mensuellement à leurs ambassadeurs.

newsletter OL

newsletter C

Rencontres physiques

Les rencontres réelles avec les ambassadeurs sont des actions des coordinateurs de la démarche qui sont assez coûteuses – tant au niveau des moyens humains que des moyens financiers. Ces rencontres peuvent être de nature différente selon la démarche et au-delà, tentent de motiver l’ambassadeur participant à se laisser guider dans son rôle.

Nord-Pas de Calais, La Créatiavallée étant une démarche visant le développement des entreprises dans le territoire, les rencontres avec les ambassadeurs touchent le thème de l’économie ou se concentrent sur la démarche de marketing territorial. Les rencontres liées au thème de l’économie sont donc des visites d’entreprises proposées aux ambassadeurs. Accompagnées par les gestionnaires de la démarche, les ambassadeurs peuvent découvrir certaines entreprises du Nord-Pas de Calais[9] et ainsi emmagasiner de l’information à propos de la richesse entrepreneuriale de la région pouvant être utilisée dans leurs discours vers les publics. Enfin, les rencontres avec les ambassadeurs liées à la démarche de marketing territorial de la région consistent en des sessions d’intégration ou des ateliers[10]. Les sessions d’intégration sont organisées par les coordinateurs de la démarche et les ambassadeurs eux-mêmes pour accueillir les nouveaux ambassadeurs[11] – elles réunissent environ 20 à 30 participants. Ainsi, ceux ayant rejoint le réseau peuvent être coachés et être formés à leur nouveau rôle d’ambassadeur. Un autre outil est l’atelier[12]. Les ateliers proposent aux ambassadeurs d’apprendre à communiquer sur le fond – à propos des atouts de la région mais également à propos de leur entreprise ou projets – ou sur la forme – maîtrise de la communication verbale et non-verbale – et ainsi devenir un excellent ambassadeur communicant[13].

OnlyLyon organise également des rencontres entre les gestionnaires de la marque, les coordinateurs de la démarche et les ambassadeurs. D’une part, une rencontre est organisée tous les ans par l’organisation d’« OnlyLyon Party » et consiste en « un moment symbolique fort où la démarche est rappelée aux ambassadeurs participants mais également leur rôle à jouer »[14]. D’autre part, un « Apéro Networking » est organisé chaque mois et consiste en un événement thématisé afin d’aider l’ambassadeur à mieux agir dans son rôle[15].

ol party

OnlyLyon Party

Interaction avec le CM

Les coordinateurs du réseau nomment généralement un « modérateur du réseau d’ambassadeurs, défini comme une personne chargée d’animer la communication avec le réseau et les interactions[16] ». Ce modérateur est convenu d’être un community manager qui, concrètement, a pour mission de gérer le réseau et d’interagir avec lui[17] souvent via le biais d’internet afin d’une part de le motiver et d’autre part de lui envoyer des informations l’aidant à jouer pleinement son rôle. Il est le lien direct entre la démarche de marketing territorial et les ambassadeurs.

Ce professionnel de gestion de communautés web est d’autant plus utile dans une démarche d’ambassadeurs que le réseau d’ambassadeurs est géré majoritairement via internet. Il devient dès lors la personne référence pour l’ambassadeur, la personne vers qui l’ambassadeur se tournera s’il a une question, un doute ou une réclamation.

OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée ont un community manager en charge de la gestion du réseau. Il est disponible pour les ambassadeurs et permet, s’il est mis à contribution par l’ambassadeur, d’aider celui-ci et de l’orienter vers une démarche appropriée et donc, aussi, vers une communication efficace et sans dérive[18].

Néanmoins, il incombe au community manager d’être très attentif dans chacune de ses interactions avec les ambassadeurs. A l’inverse des autres outils mis à disposition pour les ambassadeurs qui sont statiques et stables, le community manager est un être humain qui peut commettre des erreurs involontairement.

Services spécifiques

D’autres outils existent et sont plus spécifiques à des démarches en particulier. Prenons l’exemple du widget d’informations. Cet outil est disponible pour les ambassadeurs de Bretagne et OnlyLyon. Le widget est une petite application téléchargeable sur le bureau de l’ordinateur ou directement importable sur un site web ou un blog par un simple copier-coller[19]. Cette application envoie gratuitement sur l’ordinateur, le blog ou le site de l’ambassadeur de l’information à propos du territoire. Cet outil permet donc à l’ambassadeur l’ayant téléchargé ou installé sur son site ou blog d’être au courant en temps réel des informations qui sortent et de les utiliser pour communiquer.

Autre application ressemblant à un widget utilisé par Nord-Pas de Calais, La Créativallée : « Ch’tites Anecdotes ». Cette application disponible sur smartphone uniquement permet aux ambassadeurs l’ayant téléchargée de recevoir des informations liées à l’économie de la région sous forme d’anecdotes. C’est un moyen supplémentaire et relativement original de fournir des informations aux ambassadeurs via une plateforme de plus en plus utilisée par les individus – une personne sur deux en France possède un smartphone[20].

chtite anecdote

Enfin, Nord-Pas de Calais, La Créativallée utilise un outil que peu de démarches utilisent, qui est le comité d’ambassadeurs. Nommés ambassadeurs référents, les membres du comité d’ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée ont pour rôle essentiel d’être un lien de connexion entre la démarche – Nord-Pas de Calais, La Créativallée en l’occurrence – et les ambassadeurs[21]. Les ambassadeurs référents ou « comité d’ambassadeurs[22] » sont en fait un « groupe d’ambassadeurs sélectionnés pour servir de sorte d’équipe de management ou de conseil entre les coordinateurs [du réseau] et le réseau[23] ».

Outre le but de créer un groupe d’ambassadeurs conseillers, cet outil a pour ambition, pour Nord-Pas de Calais, La Créativallée, de permettre un maillage du territoire en recrutant pour chaque parcelle pertinente du territoire un membre très actif et très impliqué dans la démarche. Ce membre est nommé ambassadeur référent et se voit confier la mission spécifique de relais d’informations concernant sa parcelle de territoire entre Nord-Pas de Calais, La Créativallée et les ambassadeurs résidant dans cette parcelle de territoire. Cela permet de segmenter l’offre d’informations vers les ambassadeurs en fonction de leur lieu de résidence au sein du territoire.

Par exemple, au sein de Nord-Pas de Calais, La Créativallée, 4 ambassadeurs ont été promus ambassadeurs référents, l’un pour la région Calais – Boulogne, le second pour la région Montreuil – Saint-Pol-sur-Ternoise, le troisième pour la région d’Arras – Lens et le quatrième pour la région Saint-Omer – Béthune[24].

Cette segmentation des ambassadeurs – au niveau géographique – peut également se faire au niveau du rôle socioprofessionnel des ambassadeurs. C’est le cas avec OnlyLyon. Les coordinateurs du réseau de la marque lyonnaise tentent de repérer les types d’ambassadeurs selon leur rôle dans la société et selon leur pouvoir d’influence. Les coordinateurs tentent de voir en quoi les ambassadeurs peuvent participer à la promotion du territoire. Ainsi, les coordinateurs s’adressent différemment au « simple » citoyen voulant parler du territoire à ses amis qu’à un cadre d’une grande entreprise ayant des contacts intéressants pour le développement économique du territoire. Ainsi, les membres étant acteurs majeurs du territoire et de véritables leaders d’opinion – le président de l’Olympic Lyonnais par exemple – sont regroupés dans un cercle « VIP » au niveau duquel les coordinateurs font plus attention[25]. En effet, ces ambassadeurs permettent une vitrine médiatique à la marque et qu’elle soit relayée à des contacts intéressants. Il est tout à fait légitime de leur accorder une attention toute particulière afin qu’ils communiquent correctement à propos de celle-ci pour en améliorer sa notoriété mais aussi et surtout ne pas l’endommager. S’ils jouent maladroitement leur rôle de représentant de la marque par une communication erronée, cela pourrait avoir, de par leur exposition médiatique ou leurs connaissances, de lourdes conséquences par rapport à la réputation de la marque.

Conclusion

Afin que les ambassadeurs communiquent idéalement et avec cohérence à propos du territoire et de l’identité instaurée par la démarche de marketing territorial, les coordinateurs du réseau leur proposent des outils variés, à savoir : un kit de promotion, un extranet dédié, un site internet, une page Facebook et un compte Twitter, une newsletter, des rencontres de type physique, un community manager à l’écoute et prêt à interagir et d’autres outils plus spécifiques à certaines démarches tels que le widget, application smartphone, un comité d’ambassadeurs ou une segmentation du réseau sur différents critères.

Joseph Godet

https://www.linkedin.com/pub/joseph-godet/74/730/17a

[1] Entretien skype avec Benoît Meyronin,  Professeur à Grenoble Ecole de Management et Directeur Associé de l’Académie du Service, le 11/4/2014.

[2] « Coordinators », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks …, p. 46, Traduction par l’auteur.

[3]Bernard (Geraldine), Fèvre (Dominique), Kovacs (Emilie), «  Comment transformer les clients en ambassadeurs, doper la réputation de sa marque », in : Marketing Direct, n°155, 1/4/2012, URL : http://www.e-marketing.fr/Marketing-Direct/Article/COMMENT-TRANSFORMER-LES-CLIENTS-EN-AMBASSADEURS-DOPER-LA-REPUTATION-DE-SA-MARQUE-43070-1.htm.

[4]Tchakhotine (serge), Le viol des foules par la propagande politique, Paris, Gallimard, 1952

[5]« Les argumentaires », Site internet d’OnlyLyon (site officiel de la marque), URL : http://www.onlylyon.org/extranet/argumentaire.php, consulté le 2/10/2013

[6] « La démarche Only Lyon primée pour son réseau d’ambassadeurs ! », Blog de Vincent Gollain (blog qui traite du marketing territorial au service de l’attractivité des territoires), URL : http://www.marketing-territorial.org/article-la-demarche-only-lyon-primee-pour-son-reseau-d-ambassadeurs–39924629.html, consulté le 15/12/2012.

[7]A propos, Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités, URL :http://www.creativablog.fr/a-propos/, consulté le 20/3/2014.

[8] Entretien de recherche avec Mathilde Fernetréalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[9] Entretien de recherche avec Mathilde Fernet réalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[10] Entretien de recherche avec Mathilde Fernet réalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[11]« Merci à tous les ambassadeurs qui se sont impliqués cette année », Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL : http://www.creativablog.fr/2012/12/12/merci-ambassadeurs-creativallee/, consulté le 20/3/2014.

[12] « Un groupe d’ambassadeurs contre les clichés du Nord »,Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL : http://www.creativablog.fr/2013/07/17/un-groupe-dambassadeurs-contre-les-cliches-du-nord/, consulté le 20/2/2014.

[13] « Que nous réservons-vous pour l’année 2014 ? », Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL :http://www.creativablog.fr/2013/12/19/projets-2014/, consulté le 20/3/2014.

[14] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[15] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[16] « A moderator of the ambassador network, definedhere as an individualchargedwithmoderating the communication with and the interaction within the network, Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks …, id, Traduction par l’auteur.

[17]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassadornetworks …, id.

[18] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[19]« Définition Widget », définitions-marketing.com (site internet proposant des définitions de termes issus du domaine du marketing), URL : http://www.definitions-marketing.com/Definition-Widget, consulté le 10/4/2014

[20]« Usages mobiles 2013 : la moitié des Français ont un smart phone », Site internet de France Télévision, URL : http://meta-media.fr/2013/10/07/france-usages-mobiles-2013-la-moitie-des-francais-ont-un-smart-phone.html, consulté le 10/4/2014.

[21]« Bienvenue aux ambassadeurs-référents », Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL : http://www.creativablog.fr/2013/07/17/bienvenue-aux-ambassadeurs-referents/, consulté le 20/2/2014

[22] « Ambassadorscouncil », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks …, p. 47, Traduction par l’auteur.

[23]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassadornetworks …, id

[24]« Bienvenue aux ambassadeurs-référents », Créativablog.fr (blog de la Créativallée qui parle de ses événements, de ses ambassadeurs et de ses activités), URL : http://www.creativablog.fr/2013/07/17/bienvenue-aux-ambassadeurs-referents/, consulté le 20/2/2014

[25] Entretien skype avec Benoît Meyronin,  Professeur à Grenoble Ecole de Management et Directeur Associé de l’Académie du Service, le 11/4/2014

Une courte vidéo vaut mieux qu’un grand texte

Expliquer et faire intégrer le rôle et les missions des ambassadeurs fraichement inscrits n’est pas chose aisée et pourtant primordial. Cette tâche se fait généralement, de la part des coordinateurs, via le site internet de la démarche. A travers une rubrique consacrée aux ambassadeurs, un texte statique est souvent mis en place pour expliquer au nouveau membre ce dont on attend de lui.

Rappelons-le, les ambassadeurs ne sont pas payés et les contreparties obtenues pour faire partie du réseau sont faibles. Cela entraine, à mon sens, une motivation de la part des ambassadeurs qui est assez faible. Dès lors, comment leur faire « avaler » une page de contenu statique concernant leur rôle à jouer?

Une bonne idée est d’intégrer, selon moi, les outils du web 2.0, un web plus interactif permettant de rendre le contenu des sites plus attractif. Malheureusement, cela se fait rare sur les sites des territoires dédiés aux ambassadeurs.

J’ai néanmoins trouvé 2 bons élèves qui ont réussi à expliquer la démarche des ambassadeurs (concept, missions et contreparties offertes) en 2 minutes au nouvel adhérent sans que celui-ci ne se perde dans des rubriques ou dans un texte continu d’un site internet. Il s’agit de Limousin et OnlyLyon qui ont choisi de créer une vidéo !

Aujourd’hui, avec les programmes informatiques et les sites d’hébergement gratuits, développer et mettre une vidéo sur internet est assez simple. Alors, pourquoi s’en priver ?

limuoson

lyon

Pour conclure, je dirai que la vidéo est une bonne pratique à appliquer pour rendre du contenu plus attractif mais qu’il existe d’autres outils liés au monde des TIC qui peuvent judicieusement être utilisés. Il revient à l’agence pilote de la démarche de marketing territorial de trouver lesquels sont les plus pertinents et de se lancer !

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Limites d’un réseau d’ambassadeurs

Cet article vient à la suite de l’article « Les ambassadeurs dans une démarche de marketing territorial: une réponse aux enjeux actuels » qui expliquait en quoi un réseau d’ambassadeurs était un levier pertinent dans une démarche de marketing territorial.

Ne nous emballons pas trop vite, gérer un réseau d’ambassadeurs connaît toutefois des difficultés, certaines limites, qu’il est important de mentionner. En voici la liste.

La première est la publicité négative qu’il peut y avoir dans les média locaux ou dans les mécontentements publics venant du coût élevé lié à la gestion du réseau d’ambassadeurs[1]. Ceci se produit très rarement et n’est pas le cas des démarches OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée.

La deuxième est la jalousie montrée publiquement par certains individus du territoire de ne pas pouvoir faire partie du réseau lorsque celui-ci recrute ses ambassadeurs via invitation[2].

La troisième est le fait d’avoir des difficultés à calculer le Retour sur Investissement (RoI)[3]. Il est évident que faire un lien de causalité entre le développement économique du territoire et la mise en place d’un réseau d’ambassadeurs est très compliqué[4]. D’ailleurs, les deux démarches de marketing territorial issues de l’étude de cas signalent qu’elle ne calculent pas le RoI mais qu’elles sont persuadées de leur rentabilité même si elle n’est pas directement visible[5], [6].

Une autre limite est le coût de la démarche. Celle-ci demande des moyens humains et financiers à ne pas négliger. Il faut en effet des coordinateurs en charge de la gestion du réseau, une personne chargée d’interagir avec le réseau, c’est-à-dire un community manager, et des moyens financiers permettant de développer des outils pour communiquer au réseau mais aussi l’entretenir et le motiver. Une démarche voulant implanter un réseau d’ambassadeurs ne peut se faire sans ces considérations.

Ensuite, il faut considérer que ce n’est pas parce que le réseau est créé et géré qu’il est nécessairement actif et efficace. Il est en effet constaté dans certains réseaux que les ambassadeurs sont inactifs et ne jouent pas leur rôle par un manque de motivation, de fierté de leur territoire ou de bonne volonté[7].

Si l’on regarde le taux d’ambassadeurs ne participant pas aux démarches de communication, on constate que cela correspond à 10% pour Nord-Pas de Calais, La Créativallée – marge d’erreur de 5,5% – et 23% pour OnlyLyon – marge d’erreur de 6,5%.

Pour expliquer le manque de bonne volonté, il faut considérer que « la frontière est mince entre la promotion d’un territoire par adhésion à une culture et la poursuite de ses intérêts[8] ». Certains ambassadeurs peuvent s’être inscrits au réseau pour seulement avoir accès à des contacts, ou être à l’affût d’échange de bons procédés par exemple, sans vouloir participer à la démarche de promotion du territoire[9]. Nord-Pas de Calais, La Créativallée rencontre ce problème assez régulièrement.

Le manque d’adhésion de l’ambassadeur à la dynamique du réseau dans sa démarche de promotion du territoire lié à un défaut de motivation ou de fierté est présent au sein des réseaux d’OnlyLyon et de Nord-Pas de Calais, La Créativallée. Marion Chaparro, community manager d’OnlyLyon, qualifie le fait de faire remonter les informations mais aussi de communiquer de manière fréquente de « démarches ultimes[10] » des ambassadeurs. Il s’agit en effet d’un aboutissement dans la démarche d’intégration de l’ambassadeur à la promotion du territoire. Il est important, signifie Marion Chaparro, que les ambassadeurs, agissant sans réelles contreparties, soient en premier lieu fiers de leur territoire et motivés à jouer leur rôle d’ambassadeur afin d’effectuer des tâches concrètes. C’est une condition sine qua non.

Il s’agit donc d’un réel enjeu que les programmes d’ambassadeurs issus de démarches de marketing territorial tentent de comprendre et de solutionner, à savoir motiver les ambassadeurs dits « dormants[11] », comme les qualifie Mathilde Fernet.

Enfin, recourir à des ambassadeurs implique de la part de la démarche de marketing territorial le fait de déléguer une partie de sa communication en la confiant aux soins de personnes généralement non choisies pour représenter le territoire[12]. « Elle perd ainsi une partie de son pouvoir et de son contrôle sur sa communication[13] ».

« Les efforts pour créer et communiquer des images de marque favorables constituent une part considérable des stratégies de développement contemporain pour les territoires[14] ». Il s’agit donc d’un enjeu crucial qui devient encore plus complexe lorsque les efforts sont fournis, en partie, par les ambassadeurs qui ne sont pas des professionnels de la communication. Des dérives peuvent survenir au sein des communications des ambassadeurs et il est impératif, au nom de la bonne transmission de l’identité du territoire, de les repérer, d’en trouver les causes et de les solutionner.

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[1]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 44.

[2]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks …, id.

[3] « WANTED : ambassadeurs & ambassadrices de Lyon ! », Blog de communes.com (Blog faisant partie du portail des villes et communes du monde), URL : http://blogfr.communes.com/wanted-ambassadeurs-ambassadrices-de-lyon.html, consulté le 15/12/2012

[4] Gayet (Joël), Lombardi (Gérard), Megard (Dominique), « Les rencontres thématiques : des citoyens ambassadeurs et prescripteurs », 4ème Université de l’accueil de nouvelles populations, Clermont-Ferrand, 26-27-28/9/2012, URL : http://www.partoutlaville.com/documents/pdf/Partout_la_ville_260912_citoyens_ambassadeurs.pdf.

[5] Entretien de recherche avec Mathilde Fernet réalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[6] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[7]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux d’ambassadeurs, outil et méthode d’intelligence territoriale », Référence Urbanisme, n°378, 2011, p. 8

[8]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux …, id.

[9] Entretien de recherche avec Mathilde Fernetréalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[10] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[11] Entretien de recherche avec Mathilde Fernetréalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[12]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux …, id

[13]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux …, id

[14] « Efforts to create and communicatefavourable brand images constitue aconsiderable part of contemporarydevelopmentstrategies for places », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 41, Traduction par l’auteur.

Les ambassadeurs de Hambourg : une politique stricte et singulière

La démarche de marketing territorial

La ville de Hambourg s’est donné les moyens en 2004 de remonter dans les classements internationaux des villes les plus attractives à travers une démarche de marketing territorial et notamment de City Branding. A en effet vu le jour cette anné-là The Hamburg Marketing GmbH (HMG), une agence spécialisée en marketing territorial, ayant pour but de développer, communiquer et gérer la marque globale « Hamburg ». Avec en résultat concret une nouvelle identité visuelle, « l’agence pilote » a développé une stratégie d’attractivité basée sur plusieurs axes et en a fait son identité.

axex hamburg

En étroite collaboration avec d’autres acteurs du territoire (agence de développement, agence du tourisme, le port de Hambourg, etc.), HMG a réussi à faire « partager » la marque et ainsi permettre à cette dernière de gagner en visibilité.

structure hamburg

La stratégie s’est avérée payante ! Comme l’explique Vincent Gollain dans un article de son blog, Hambourg a en effet gagné en image positive envers les entreprises étrangères.

Les ambassadeurs de Hambourg 

La démarche de marketing territorial, à travers HMG, s’est donné beaucoup de moyens pour communiquer, notamment en offrant la possibilité aux acteurs du territoire d’agir pour ce dernier.

Toute personne née à Hambourg ou portant la ville dans son cœur peut devenir membre de la marque et profiter d’un « branding toolkit » lui permettant de pouvoir utiliser les templates et logo de la marque dans son matériel de communication pour son organisation. Elle profite ainsi de la notoriété liée à l’image de marque « Hamburg » et permet en même temps à cette dernière de mieux se propager.

mediaserver

Enfin, HMG a également lancé un programme d’ambassadeurs qui est relativement singulier, notamment au regard de ce que font les Français. En effet, il s’agit dans ce cas-ci d’un cercle restreint d’acteurs importants du territoire. Comme l’explique Marcus Anderson, directeur et chercheur à Geobrands, cabinet-conseil en marketing territorial en Suède, il existe les réseaux soit ouverts à tous soit réservés à des acteurs selon certains critères. Si le modèle français correspond la plupart du temps au premier type de réseau, le modèle de Hambourg, lui, correspond au deuxième.

Les ambassadeurs de Hambourg ont le même rôle que les ambassadeurs de marques territoriales françaises, à savoir la promotion du territoire à l’international via une communication moins institutionnelle, plus informelle.

« The HamburgAmbassador programme aims to promote international awareness of Hamburg. These efforts have resulted in an innovative network of honorary ambassadors for the city, opening up new opportunities in terms of advertising, image promotion and active location marketing ». http://marketing.hamburg.de

Cependant, les ambassadeurs de la marque « Hamburg » sont sélectionnés selon des critères précis. Les futurs adhérents soumettent une candidature à un comité de sélection composé de représentants de la ville et des membres du HMG qui l’examinent. Si la première étape est franchie, la demande de candidature passe ensuite par le maire de la ville qui, au final, décidera de l’adhésion ou non du candidat.

Cette sélection minutieuse des ambassadeurs permet, en théorie, d’éviter toute sorte de dérives liées à la communication vers l’extérieur de ces derniers. Je m’explique. Recourir à des ambassadeurs implique de la part de la démarche de marketing territorial le fait de déléguer une partie de sa communication en la confiant à des acteurs qui, à la base, sont hors de la démarche. « L’agence de pilotage perd ainsi une partie de son pouvoir et de son contrôle sur sa communication[1] ». L’ambassadeur est en effet libre de communiquer ce qu’il veut alors qu’il communique au nom de la marque territoriale et cela peut entrainer des dérives surtout quand le réseau est ouvert à tous. Toutefois, si les ambassadeurs sont recrutés avec des critères pertinents permettant de voir s’ils communiqueront des messages respectant l’identité et les valeurs du territoire, les dérives seront extrêmement légères.

Les dérives liées à un problème de communication étant légères, le rôle confié aux ambassadeurs de « Hamburg » est plus stricte et plus exigeant. Ils doivent en effet promouvoir Hambourg à des évènements d’affaires via des discussions. En plus de cela, ils sont aussi impliqués dans l’organisation de conférences, de réunions et soutiennent les activités de la ville à l’étranger à travers leurs contacts.

[1]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux d’ambassadeurs, outil et méthode d’intelligence territoriale », Référence Urbanisme, n°378, 2011, p. 8

Conclusion

Le programme d’ambassadeurs de « Hamburg » est intéressant par sa singularité et permet de montrer aux marques françaises un autre aspect de ce que peut être une politique d’ambassadeurs.

Je terminerai tout de même par une remarque à l’encontre de ce type de réseau qui est le risque d’une démonstration publique d’une certaine jalousie de ceux n’ayant pu rejoindre le réseau[i]. Attention donc à la publicité négative que certains pourraient émettre dans un média suite à un refus d’adhésion au réseau.

[i] [i]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, pp. 44.

Sources des images : http://marketing.hamburg.de

Joseph Godet

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Les ambassadeurs de Wallonia.be : focus sur le qualitatif

« Wallons-nous ? »

Il y a quelques années, l’Agence Wallonne à l’Exportation et aux Investissements Etrangers (AWEX) s’est posé la question de l’identité de la Wallonie et de la perception de celle-ci à l’étranger. Une démarche de marketing territorial a donc été initiée et cela a abouti à la création de la marque Wallonia.be il y a un peu plus d’un an. Cette démarche globale de City Branding permet à la Wallonie d’affirmer son identité et ses valeurs (ouverture au monde, sens du partage, accessibilité, savoir-faire technologique et qualité de vie) vers l’extérieur (en Europe et dans le monde). De plus, à travers ses 5 points en forme de « w », la marque partagée par les institutions de la région permet à la communication d’être plus homogène et cohérente, ce qui, théoriquement, accroit sa visibilité.

Wallonia marque

Des ambassadeurs qui savent de quoi ils parlent

La démarche Wallonia.be a développé depuis peu un programme d’ambassadeurs de la marque (si ce concept ne vous est pas familier, je vous invite à lire : Le réseau d’ambassadeurs: introduction théorique) La principale caractéristique de ce réseau, et qui le différencie des autres, est qu’il est « semi-ouvert ». Je m’explique.

N’entre pas, a priori, qui veut au sein du réseau. Il faut prouver sa bonne foi et sa motivation. Si vous voulez adhérer au groupe d’ambassadeurs, vous devez d’abord passer par un formulaire à compléter. S’il ne s’agit pas d’un questionnaire hyper pointu et complet comme celui de la marque Bretagne ou Albi, il vous est tout de même demandé de répondre à 3 questions prouvant votre réel engagement pour votre territoire.

Le réseau est donc ouvert à tous ceux voulant contribuer au destin de la Wallonie à condition de remplir le formulaire d’adhésion correctement et que le modérateur du réseau accepte la candidature (délais de réponse 2-3 jours après la demande).

Ce type de vision sur ce que doit être un réseau d’ambassadeurs et son mode de sélection est partagé par de nombreux experts. Si l’on se réfère, par exemple, à Marcus Anderson, directeur et chercheur à Geobrands, cabinet-conseil en marketing territorial en Suède, il dit : « Make sure that ambassadors that are chosen are motivated to support the brand identity, through for example a screening process ».

Des missions et des avantages classiques

En tant qu’ambassadeur de Wallonia.be, il vous est demandé de remplir les missions « classiques » de l’ambassadeur de marque territoriale, à savoir :

  • Communiquer au nom de la marque et en faire sa promotion
  • Faire remonter les opportunités de développement pour la région

On peut tout de même constater que les coordinateurs du réseau ne proposent pas à certains ambassadeurs actifs de participer à des actions de pilotage de la démarche de marketing territorial comme cela se fait parfois dans certaines démarches.

Les contreparties offertes à l’ambassadeur sont également relativement classiques. L’ambassadeur a accès aux contacts de tous les ambassadeurs du réseau, reçoit une newsletter d’informations sur la région, est invité à des évènements de rencontre entre ambassadeurs, dispose du logo de la marque et de sa notoriété et enfin il peut poster des billets sur un blog réservé aux ambassadeurs.

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Etat des offres de service

Les coordinateurs du réseau d’ambassadeurs proposent des offres de service permettant aux ambassadeurs de pouvoir communiquer en se basant sur certains éléments. Tout d’abord, il est à signaler que la démarche Wallonia.be (son identité et ses valeurs) est clairement expliquée et facilement disponible le site internet de la démarche. Cela permet à l’ambassadeur de comprendre et de pouvoir faire refléter l’identité de Wallonia.be à travers ses discours promotionnels. A côté de cela, les pages Facebook et compte Twitter semblent bien alimentés en informations à propos de la région permettant ainsi à l’ambassadeur de pouvoir relayer facilement l’actualité du territoire.

On pourrait regretter toutefois l’inexistence d’un kit de promotion destiné à l’ambassadeur ainsi que de tutoriels interactifs (capsules vidéos, FAQ, etc.) permettant à ce dernier de se sentir plus soutenu et mieux guidé par la démarche.

Conclusion

Le réseau d’ambassadeurs de la jeune marque Wallonia.be peut être qualifié de réseau qualitatif. Les adhérents sont, par le processus de recrutement, de facto engagés pour leur territoire et motivés à le promouvoir. Les coordinateurs du réseau proposent des offres de services classiques, qui, espérons-le, seront plus abouties dans le futur notamment en termes de contenu interactif.

Sources : http://www.wallonia.be/fr

Joseph Godet

Les ambassadeurs dans une démarche de marketing territorial: une réponse aux enjeux actuels

Introduction

Les réseaux d’ambassadeurs semblent se développer de plus en plus au sein des démarches de marketing territorial. Sont-ils néanmoins pertinents dans de telles démarches ? Qu’apportent-ils concrètement ? Répondent-ils aux enjeux des démarches de marketing territorial des villes et régions?

Cet article vous propose tous les éléments légitimant cette nouvelle tendance. En outre, il est appuyé par des chiffres issus de mes enquêtes d’opinion réalisées auprès des ambassadeurs d’OnlyLyon et de Nord-Pas de Calais, La Créativallée et des CM de ces deux démarches.

Détecteur de signaux

Un des rôles de l’ambassadeur de marque territorial est de faire remonter à l’équipe gestionnaire de la gestionnaire de la démarche les informations qu’il recueille lorsqu’il détecte une opportunité de développement pour le territoire.

Par son rôle socioprofessionnel, l’ambassadeur peut être témoin de  « signaux et d’opportunités d’affaire [1]» et ainsi, faire remonter ces informations aux gestionnaires de la démarche de marketing territorial.

L’effet viral issu du bouche à oreille

L’effet viral s’est développé grandement il y a près de 2 siècles, depuis que les gens se regroupent en masses suite à une urbanisation et une industrialisation de la société. Il consiste en un effet créé par le bouche à oreille, par la conversation interpersonnelle.

Cet effet apparaît dès lors au sein de la communication des ambassadeurs dans leur rôle de prescripteur. En effet :

  • Avec une marge d’erreur de 5,6%, 88% des ambassadeurs d’OnlyLyon communiquent à propos du territoire via le bouche à oreille – au minimum 8 ambassadeurs sur 10 donc[2].
  • Avec une marge d’erreur de 5,8%, 90% des ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée communiquent à propos du territoire via le bouche à oreille[3]. Cela signifie que minimum 85% des ambassadeurs de la démarche communiquent via ce biais.

Il est donc constaté qu’une majorité des ambassadeurs communiquent via le bouche à oreille et cela profite à la démarche de marketing territorial du territoire qui peut jouir de l’effet viral. Que cela implique-t-il ?

La conversation marque l’apogée de l’attention spontanée. Elle est par la suite l’agent le plus puissant de l’imitation, de la propagation des sentiments, des idées, des modes d’action[4]. Cela signifie qu’un message issu d’une conversation de type « bouche à oreille » sera plus écouté par le ou les récepteurs qu’un message venant d’une publicité par exemple[5]. De plus, le message perçu par le ou les récepteurs sera également plus diffusé par la suite, par un effet boule de neige.

L’effet viral rend le message plus humain et désintéressé. Les ambassadeurs diffusent les messages auprès de leurs contacts et cela modifie la nature de ces messages. En effet, les messages étant à la base de type promotionnel semblent, par le bais du bouche à oreille à une connaissance, totalement désintéressés, exempts de toute démarche commerciale.

Le fait qu’une personne réelle communique en son nom à propos d’un territoire aura nettement plus d’impact en termes d’influence et de création d’image positive du territoire envers les cibles – correspondant à son réseau de connaissances – que si la communication provenait directement de la démarche de marketing territorial du territoire[6][7]. Comme le souligne Marion Chaparro : « Nous [Aderly] connaissons la force des réseaux et l’influence que peut avoir un conseil quand il vient d’un ami, de quelqu’un qu’on connaît[8] ».

Voici un graphique montrant ce qui influence le plus les gens à propos d’une entreprise. En considérant que l’entreprise est un territoire dans le cas du marketing territorial, ce graphique démontre la pertinence de la communication des ambassadeurs par bouche à oreille :

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Fig. : Qu’est ce qui influence les perceptions du consommateur à propos des entreprises[9] ?

Il paraît donc évident que le bouche à oreille est un dispositif communicationnel très efficace et le réseau d’ambassadeurs communiquant essentiellement via ce biais en devient dès lors pertinent dans une démarche de marketing territorial.

La pertinence liée au TIC

L’évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) a permis de rendre très performant le réseau d’ambassadeurs[10], le rendant ainsi pertinent dans une démarche de marketing territorial. L’évolution dans ce domaine, notamment avec l’avènement du web 2.0 – c’est-à-dire un web interactif et communautaire prenant en compte l’interaction du site et des internautes et des internautes entre eux contrairement au web 1.0 qui désignait un web statique[11] – a permis aux internautes d’être en contact, connectés, très facilement et de communiquer également aisément. Par la facilité et la rapidité de communiquer entres personnes via la voie électronique, promouvoir un territoire via leurs réseaux de connaissances n’a jamais été aussi aisé pour les individus.

En plus de permettre aux ambassadeurs internautes de communiquer facilement, les réseaux sociaux permettent à cette communication d’être virale. La viralité devient, dans ce cas-ci, online[12], [13].

En communicant via les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Linkedin ou encore les blogs, l’ambassadeur peut jouir des avantages issus de la communication par le bouche à oreille, ou « bouche-à-souris[14] » dans ce cas-ci. En effet, sur les réseaux sociaux, c’est l’internaute qui parle, en son nom, à ses contacts correspondant à ses connaissances ou à des individus partageant un centre d’intérêt commun.

En plus de cela, internet permet à cet effet bouche à oreille de se propager plus loin, plus vite et à plus de personnes. La barrière de l’oralité est contournée par l’interaction online permise par l’évolution des TIC. En effet, les réseaux sociaux permettent de promouvoir le territoire très rapidement – via l’envoi de commentaires ou de messages personnels – à beaucoup de monde pouvant résider n’importe où – les récepteurs correspondent à leurs contacts du monde entier réunis en une seule plateforme[15].

Les démarches de marketing territorial usant d’un réseau d’ambassadeurs profitent de cet avantage procuré par l’évolution des TIC et le web 2.0. En effet, il est constaté que plus de la moitié des ambassadeurs d’OnlyLyon[16] et de Nord-Pas de Calais, La Créativallée[17] utilisent les réseaux sociaux – Facebook, Twitter ou les blogs – afin de communiquer à propos du territoire.

Par ailleurs, toujours grâce aux TIC, la gestion du réseau est relativement aisée. La gestion d’un grand réseau d’individus est aujourd’hui possible de façon très optimale grâce à des plateformes online mises à disposition des ambassadeurs – il s’agit souvent de réseaux intranet – gérées par le community manager de la démarche de marketing territorial. Le community manager est le lien entre la démarche et l’ambassadeur. Il est à l’écoute du réseau d’ambassadeurs formant une communauté et interagit avec lui en répondant aux problèmes éventuels et en lui fournissant de l’information. OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée ont toutes deux un community manager qui assure la gestion de la communauté d’ambassadeurs.

Il est donc pertinent pour la communication de marketing territorial qu’elle prenne en compte l’évolution des TIC et les atouts qu’elle a apportés, à savoir une démultiplication de l’effet viral et une gestion aisée d’une grande communauté.

Un atout pour le référencement

Un autre atout est le fait que l’ambassadeur internaute, représentant du territoire sur internet, permet au site créé dans la démarche de marketing territorial d’avoir une meilleure visibilité sur la toile grâce à un meilleur référencement.

Aujourd’hui plus que jamais, le référencement de son site internet est un enjeu majeur car de plus en plus d’internautes rejoignent ce site via un moteur de recherche – Google étant bien évidemment le moteur de recherche le plus populaire[18]. Cela signifie qu’au plus un site est situé haut dans le référencement, au plus il sera populaire. Pour augmenter son ranking – sa place dans le référencement -, les entreprises utilisent le Search Engine Optimization : améliorer le positionnement d’une page web dans les résultats de recherche des moteurs sur des mots-clés correspondant aux thèmes principaux du site[19]. Aujourd’hui est apparu le Social Media Optimization, en lien direct avec le web 2.0 – le web des interactions. Désormais, les contenus postés sur la toile par les internautes à propos d’un site en y ajoutant un lien hypertexte entrant permettent à ce dernier d’avoir un meilleur référencement[20].

Dès lors, un ambassadeur parlant énormément sur la toile à propos du territoire qu’il tente de promouvoir et du site internet correspondant, permettra au site de gagner en référencement naturel et le permettra encore plus si ses conversations font du buzz, c’est-à-dire, si elles sont énormément commentées et largement partagées par les autres internautes[21]. Les contenus des ambassadeurs internautes à propos du territoire et du site de la démarche créent un meilleur référencement du site sur les moteurs de recherche, permettant à ce dernier une meilleure visibilité sur la toile et ainsi d’obtenir un plus gros trafic de visiteurs.

Nouvelle source d’information

Comme l’explique Philip Kotler[22], les sources d’information des acheteurs – les entreprises et les investisseurs pour Nord-Pas de Calais, La Créativallée et les visiteurs, résidents, étudiants, investisseurs et entreprises pour OnlyLyon – se retrouvent en quatre catégories : les sources commerciales – publicité, représentant commercial -, les sources publiques – média de masse, experts, organisations de classement des territoires -, les sources basées sur l’expérience – visite du territoire – et enfin les sources personnelles – famille, amis, voisins, connaissances.

Il est constaté que les ambassadeurs communiquent essentiellement à leurs connaissances, qu’elles soient des amis, des collègues, des relations de travail ou des membres de la famille. Les ambassadeurs sont de facto une source d’informations personnelles pour les cibles. Cela est prouvé par l’étude de cas qui révèle qu’avec une marge d’erreur de 5%, 86% des ambassadeurs d’OnlyLyon communiquent à leurs connaissances. Cela est pareil avec les ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée qui, pour 84% d’entre eux et avec une marge d’erreur de 7%, communiquent à leurs connaissances.

Enfin, l’ambassadeur peut être considéré également comme une source publique, en l’occurrence un expert. En effet, l’ambassadeur communicant via son blog ou même Twitter et Facebook peut être suivi et lu par des internautes ayant un centre d’intérêt en commun avec lui. Les cibles considérant le blogueur ambassadeur comme source d’information le considèrent comme un expert à leurs yeux et non comme une connaissance.

Le réseau d’ambassadeurs est donc pertinent car il est une nouvelle source d’information pour les cibles. Il s’agit soit d’une source d’informations supplémentaire – dans le cas où la cible a déjà été touchée par un autre message comme une publicité ou autre – soit de la seule source d’information[23] – dans le cas où la cible n’est touchée que par la communication de l’ambassadeur. Dans le dernier cas, le réseau des ambassadeurs permet de toucher des cibles hors de portée[24]. En effet, « les ambassadeurs peuvent […] avoir accès à des groupes de cibles que le coordinateur n’aurait pu toucher autrement[25] ».

Les ambassadeurs permettent donc de soit rappeler le message à la cible via un effet de matraquage, soit de toucher la cible alors qu’elle ne l’aurait pas été par d’autres moyens.

Dans la logique de la co-construction

Les démarches de marketing territorial agissent aujourd’hui dans une démarche de co-construction. En effet, le développement d’un territoire doit être considéré comme la capacité des acteurs situés dans un territoire à en maîtriser l’évolution, à partir d’une vision partagée, de la trajectoire que celui-ci doit prendre et qui soit impulsé par une dynamique collective[26].

Les acteurs du territoire en charge du développement de ce dernier sont des acteurs publics ou privés qui font partie de la gouvernance de la démarche et la pilotent. Si l’on considère que la co-construction signifie que tous les acteurs peuvent participer au développement du territoire, n’est-il pas pertinent de faire aussi appel à tous les individus ayant un lien avec le territoire dans sa démarche de marketing territorial et ayant envie de participer aussi à son destin ?

Pour cela, une démarche d’ambassadeurs semble tout à fait justifiée. Elle permet d’étendre l’effet de la coproduction en insérant au sein de la démarche celles et ceux ayant envie d’aider le territoire dans sa quête d’attractivité. Comment ?

  • En communiquant au nom du territoire ou de la marque, les ambassadeurs participent à la diffusion de l’identité et/ou la propagation de la marque – dans une démarche de « co-branding » – rendant cette dernière encore plus visible.
  • En participant à certaines actions de pilotage de la démarche, appelées « co-création », les ambassadeurs peuvent donner certaines idées et aider à la gestion de certains événements, ce qui est une source non négligeable de moyens humains offerts bénévolement à la démarche.

La participation des individus à la démarche de co-construction est encore plus pertinente quand on considère que de plus en plus de personnes sont intéressées par ce que les pouvoirs publics font pour que leur territoire soit mieux connu à l’échelle planétaire[27]. Par le réseau des ambassadeurs, les démarches de marketing territorial offrent à ces personnes le loisir de ne plus juste être passifs à ce qu’il se fait en matière de développement de notoriété de leur territoire mais de participer à ce dernier.

OnlyLyon et Nord-Pas de Calais, La Créativallée accueillent dans leur réseau d’ambassadeurs tout individu voulant participer au développement de la démarche et à l’attractivité du territoire – l’un : des individus issus de tout domaine, l’autre : des individus venant plutôt du monde économique. Elles répondent ainsi à la demande des individus à vouloir participer à l’effort d’attractivité de leur territoire, au besoin de moyens humains pour certaines actions mais aussi au besoin de visibilité de l’identité ou de la marque par la mise en place d’un tel réseau.

Solution à l’abstraction de l’identité

L’identité du territoire dans une démarche de marketing territorial est un élément trop souvent abstrait et il est difficile de la faire refléter assez puissamment dans des communications de type « classique ».

Les ambassadeurs sont des êtres humains et porteurs de l’identité du territoire. Ils sont donc la preuve humaine, concrète, que l’identité du territoire est bien réelle. En effet, les ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée sont des acteurs économiques de la région, une région qui prône à travers sa démarche de marketing territorial une identité basée sur la réussite économique. Il en va de même pour les ambassadeurs d’OnlyLyon qui sont des acteurs vivant à Lyon et s’y épanouissent. L’identité d’OnlyLyon étant basée sur la réalisation de la personne, l’ambassadeur est donc l’incarnation vivante de l’identité prônée.

Comme l’explique Marion Chaparro, un territoire a des valeurs et des atouts uniquement lorsque ces derniers sont partagés ou vécu par la population[28]. En participant ainsi au discours identitaire, le réseau d’ambassadeurs peut montrer, en cristallisant l’identité, que les atouts attractifs du territoire sont réels et vécus par celui-ci[29].

Solution au manque de profondeur de l’identité

L’identité d’un territoire dans une démarche de marketing est souvent trop réductrice. En effet, même si l’identité comporte beaucoup plus d’éléments, surtout dans le cas d’une démarche de marque partagée regroupant plusieurs atouts transversaux, que le positionnement d’une marque marchande, elle semble être réductrice de toute la complexité du territoire. Devoir communiquer cette identité signifie devoir communiquer un positionnement souvent trop simple et pas forcément en phase avec ce qu’offre réellement le territoire à chacune de ses cibles.

« Etre un territoire attractif est une chose ; communiquer la qualité particulière d’un territoire aux cibles en est une autre. Les territoires doivent se positionner eux-mêmes adroitement face aux publics variés qui peuvent vouloir habiter, investir, vivre, visiter ou y faire du business. Ils [les territoires] doivent adapter leurs messages à des acheteurs très différents tout en maintenant un cœur d’image de ce que le territoire offre simplement[30] ».

Le réseau d’ambassadeurs permet de pallier ce problème. Les ambassadeurs incarnent l’identité du territoire dans leurs communications mais la rendent également plus complète ou plus profonde, permettant ainsi de toucher toutes les cibles voulues.

Si l’on prend le cas d’OnlyLyon qui base son identité sur la réalisation de l’individu, on peut constater qu’elle touche par ce biais, certes les cibles voulues – résidents, étudiants, entreprises, touristes – mais pas autant qu’elle le voudrait. Il est évident que certains atouts, éléments attractifs ne sont pas mis en avant par l’identité, oubliant ainsi certaines cibles. Les ambassadeurs étant des individus provenant de domaines différents et étant donné qu’au sein de ces domaines, ils sont encore différents, il est plus que probable qu’ils permettront à la marque de toucher des cibles qui n’auraient pas été sensibles à l’identité autrement.

Chaque cible ayant des besoins différents, il est impératif d’avoir des messages variés et c’est ce que permet le réseau d’ambassadeurs qui est composés d’individus aux vécus différents, aux parcours différents.

Outil de transparence

Certains individus résidant sur le territoire peuvent être hostiles à la démarche de marketing territorial entreprise. Effectivement, la démarche peut paraître pour certains trop coûteuse voire inutile surtout quand il s’agit de financement public.

En permettant à ces individus de rejoindre le groupe d’ambassadeurs, de recevoir les informations prouvant chaque action entreprise par la démarche, et de participer le cas échéant à certaines actions de pilotage, ils peuvent devenir plus compréhensifs par rapport à la démarche, voire même la supporter. Cela peut « soulager le problème des citoyens du territoire qui ne comprennent pas ou ne sont pas en faveur des efforts de marketing territorial[31] ».

Joseph Godet

https://www.linkedin.com/pub/joseph-godet/74/730/17a

NB : Le prochain article présentera les limites d’un réseau d’ambassadeurs dans une démarche de marketing territorial.

[1]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux d’ambassadeurs, outil et méthode d’intelligence territoriale », Référence Urbanisme, n°378, 2011, p. 5.

[2] Données issues du questionnaire sur échantillon adressé aux ambassadeurs d’OnlyLyon

[3] Données issues du questionnaire sur échantillon adressé aux ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée

[4]Tarde (Gabriel), L’Opinion et la foule, Paris, Les Presses universitaires de France, « Collection Recherches politiques », 1889, p. 87.

[5] Garnier (Sebastien), Pinard (Jean), Salmon-Fernet (Mathilde), « L’utilisation du marketing digital par les villes et les régions : Vers la mise en place de stratégies intégrées », Réunion ADETEM sur les réseaux sociaux, Paris, salon du digital, 21/3/2012, URL : http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/1/19/97/12/Club-ADETEM/Club-marketing-territorial-salon-digital-paris-21-mars-2012.pdf.

[6]Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 43.

[7]Ankri (Corinne), Lannoo (Pascal), E-marketing et e-commerce, Paris, Vuibert, 2009, p. 207.

[8] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[9]« The companybehind the brand : in reputation we trust », WeberShandwick.com, URL : http://www.webershandwick.com/uploads/news/files/InRepWeTrust_ExecutiveSummary.pdf, consultéle 5/4/2014.

[10]Arifon (Olivier), Iochum (Claire), « Les réseaux d’ambassadeurs, outil et méthode d’intelligence territoriale », Référence Urbanisme, n°378, 2011, p. 8.

[11]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique des réseaux sociaux, Twitter, Facebook, … des outils pour communiquer, Paris, Dunod, 2010, p. 5.

[12]Ankri (Corinne), Lannoo (Pascal), E-marketing…, id.

[13]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique …, p. 120.

[14] « Word-of-mouse », De Pelsmacker (Patrick), Geuens (Maggie), Van den Bergh (Joeri), Marketing communications : a european perspective, Harlow (England), Pearson, 2010, p. 571, Traduction par l’auteur.

[15]De Pelsmacker (Patrick), Geuens (Maggie), Van den Bergh (Joeri), Marketing communications : a european perspective, Harlow (England), Pearson, 2010, p. 572.

[16] Données issues du questionnaire sur échantillon adressé aux ambassadeurs d’OnlyLyon

[17] Données issues du questionnaire sur échantillon adressé aux ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée

[18]De Pelsmacker (Patrick), Geuens (Maggie), Van den Bergh (Joeri), Marketing communications : a european perspective, Harlow (England), Pearson, 2010, P. 564.

[19]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique des réseaux sociaux, Twitter, Facebook, … des outils pour communiquer, Paris, Dunod, 2010, p. 117.

[20]Ankri (Corinne), Lannoo (Pascal), E-marketing et e-commerce, Paris, Vuibert, 2009, p. 153.

[21]Fanelli-Isla (Marc), Guide pratique …,p. 119.

[22]Kotler (Philip), H. Haider (Donald), Rein (Irving), Marketing Places, New-York, Free Press, 1993, p. 49.

[23] « 4 reasonsyourcompanyneeds a brand ambassador program », The Daily Muse (American news website and blogfounded by Kathryn Minshew, Alex Cavoulacos and Melissa McCreery), URL : http://www.themuse.com/advice/4-reasons-your-company-needs-a-brand-ambassador-program, consulté le 20/2/2014.

[24]Ankri (Corinne), Lannoo (Pascal), E-marketing…, id.

[25] « Ambassadorscanalso, throughboththier social and occupationalroles, getaccess to target groups that the coordinatorotherwisewould not reach », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 43, Traduction par l’auteur.

[26]Boschet (Christophe), Rambonilaza (Tina), Les mécanismes de coordination dans les réseaux sociaux : un cadre analytique de la dynamique territoriale, Revue d’économie régionale et urbaine, n° 3, 2010, p. 570.

[27]Anholt (Simon), Places, Identity, Image and Reputation, London, Palgrave Macmillan, 2010, p. 160.

[28] Entretien de recherche avec Marion Chaparro réalisé le 6/2/2014 à Lyon

[29]« Ambassadeurs territoriaux, entre marketing et réalité », blog-territorial.fr (blog spécialisé dans le marketing territorial et son actualité), URL : http://blogterritorial.expertpublic.fr/2012/05/, consulté le 6/4/2013.

[30] « Havingquality and being an attractive place is one thing ; communicating the specialquality of a place to othersisquiteanother. Places must skillfully position themselves to thosevarious publics whomaywish to locate, invest, live, visit, or do business there. They must adaptthier messages to highlydifferentiatedbuyerswhile at the sametimedevelopingacore image of what the place basicallyoffers », Kotler (Philip), H. Haider (Donald), Rein (Irving), Marketing Places, New-York, Free Press, 1993, p. 324, traduction par l’auteur.

[31] « Alleviate the problemthatcitizens of the place do not understand or support place branding efforts », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 44, Traduction par l’auteur.

Comment améliorer les performances d’un réseau d’ambassadeurs ?

Outre les offres de services utilisées pour guider l’ambassadeur à essentiellement agir, il semble intéressant pour les coordinateurs d’envisager aujourd’hui des solutions pour obtenir des ambassadeurs qu’ils communiquent de façon optimale.

En effet, cela est pertinent pour d’une part obtenir de la part des ambassadeurs une communication la plus qualitative possible, harmonieuse et cohérente et d’autre part pallier les futures dérives éventuelles, notamment une fois que les ambassadeurs communiqueront énormément. Penser aux solutions aujourd’hui, c’est avoir un temps d’avance et être prêt. Dès lors, quels moyens appliquer pour rendre les offres de services des coordinateurs plus attractives et facilement compréhensibles pour les ambassadeurs afin que ces derniers s’en inspirent plus et qu’ils ne se trompent pas quand ils les utilisent – notamment au niveau du respect des valeurs du territoire ?

La politique envisagée a trouvé sa source d’inspiration d’une idée venant de Joël Gayet[1], chercheur associé à Science PO Aix et directeur de la chaire Attractivité et nouveau marketing territorial. Il propose d’envisager la gestion du réseau d’ambassadeurs comme on gère une équipe de salariés. Cette analogie surprenante mais pertinente permet de rendre compte de ce que doit être une gestion optimale pour rendre la communication des ambassadeurs qualitative, c’est-à-dire respectant les valeurs du territoire dans sa démarche de marketing territorial.

Réseau « semi-ouvert »

Tout comme le recrutement des employés de la part d’une entreprise, les ambassadeurs ne doivent pas pouvoir rejoindre le réseau sans une légère sélection. Il est conseillé de rendre le réseau « semi-ouvert ». C’est-à-dire qu’il est nécessaire d’établir un mode de sélection des prétendants au poste d’ambassadeur. Cette vision est partagée par de nombreux experts. Pour Jean-Marc Devanne, directeur et associé du cabinet CoManaging, cabinet conseil en marketing territorial référent dans les nouvelles approches et outils du marketing territorial, une précaution à prendre pour rendre un réseau qualitatif est la sélection de ce dernier[2]. Pour Joël Gayet : « les critères de recrutement [des ambassadeurs] et les engagements demandés doivent être réels[3] ». Pour Marcus Anderson, directeur et chercheur à Geobrands, cabinet-conseil en marketing territorial en Suède, il faut « être sûr que les ambassadeurs qui ont été choisis, sont motivés pour soutenir l’identité de la marque, par exemple à travers un processus de sélection[4] ».

Si le recrutement d’employés au sein d’une entreprise est généralement très sélectif pour des raisons évidentes, le recrutement d’ambassadeurs l’est beaucoup moins mais devrait l’être, ne serait-ce que très peu. En effet, si le réseau est trop sélectif, cela pourrait créer une certaine jalousie de la part des individus n’ayant pu le rejoindre et ainsi, une mauvaise publicité pourrait se créer au niveau local.

Le réseau semi-ouvert implique donc de faire une sélection légère mais pertinente afin de recruter les individus voulant réellement participer à la promotion du territoire et qui semblent prendre cette activité avec un certain sérieux ou même avec professionnalisme. En outre, il faut s’assurer que les futurs ambassadeurs ont compris la démarche de marketing territorial initiée par le territoire.

Quels doivent être les critères de sélection du réseau ? En plus de demander les coordonnées et secteurs d’activité du futur adhérent, il faudrait rajouter des questions pour tester ce dernier sur ses capacités à promouvoir correctement le territoire. Un bon exemple en est le questionnaire créé par Wallonia.be, la nouvelle marque wallonne – dont se trouve un aperçu en annexe après les résultats des enquêtes sur échantillon.

Par ailleurs, il est conseillé de recruter des individus vivant sur le territoire mais également hors du territoire. Cela permet au réseau de pouvoir jouir de la créativité des ambassadeurs locaux pour des démarche de co-création – actions gérées par les gestionnaires de la marque et certains ambassadeurs – mais aussi de pouvoir profiter de la valeur de connexion engendrée par le bouche à oreille des ambassadeurs expatriés[5].

Segmentation selon les compétences

En plus des segmentations selon le lieu de résidence des ambassadeurs ou selon leur rôle socioprofessionnel – comme évoqué eu point 4.1.2.9. -, une autre segmentation devrait être effectuée.

Tout comme une entreprise désignant un employé à un poste bien spécifique selon ses compétences, les coordinateurs de démarche de marketing territorial globale – comme OnlyLyon – doivent organiser leur réseau selon les compétences de leurs ambassadeurs.

Donner un rôle particulier aux ambassadeurs selon leur compétence est tout à fait intéressant[6]. Grâce à cela, les informations fournies par les coordinateurs peuvent être segmentées et envoyées aux ambassadeurs concernés selon la nature de ces dernières. Ainsi, cela permet de profiter des forces propres à chaque ambassadeur. Autrement dit, pour éviter que les ambassadeurs se trompent dans leurs communications lorsqu’ils s’inspirent d’informations générales fournies par les coordinateurs, il serait judicieux de leur envoyer directement l’information qui les intéresse et qu’ils maîtrisent. Ils ne devront en outre pas devoir effectuer eux-mêmes le tri parmi la masse d’informations leur étant fournies et pouvant les décourager dans leur rôle de communicant. En clair, donner un rôle particulier aux ambassadeurs selon leurs compétences semble être intéressant pour améliorer le relais des informations fournies par les coordinateurs aux ambassadeurs.

Prenons un exemple : un ambassadeur entrepreneur intéressé par l’économie de son territoire doit pouvoir bénéficier directement des informations de type économique. Cela permet de ne pas noyer cet ambassadeur parmi une masse d’informations qui parfois ne l’intéressent pas et pour lesquelles il est moins apte à les utiliser correctement pour ses communications.

Ainsi, à travers la lecture d’un article intéressant posté via le blog BrandingMyCity, il serait judicieux de créer des catégories d’ambassadeurs[7] :

  • Invest pour les chefs d’entreprise ou les cadres (visée économique)
  • Study pour les chercheurs et les doctorants (visée académique)
  • Visit pour les professionnels de l’animation et du tourisme
  • Live pour les autres cas (habitants, étudiants, sportifs, etc.)

Concrètement, le futur ambassadeur devrait sélectionner dès son inscription une ou plusieurs de ces catégories correspondant à son domaine d’activité ou ses intérêts. La possibilité de pouvoir choisir plusieurs catégories est primordial. En effet, Il est évident qu’un chef d’entreprise peut maîtriser les informations économiques mais aussi être intéressé par la culture. Une fois la ou les catégories sélectionnées, cet ambassadeur recevra une newsletter en rapport avec celles-ci. Il lui sera également proposé des argumentaires, des news sur l’extranet dédié aux ambassadeurs en rapport avec la ou les catégories choisies.

En résumé, segmenter les ambassadeurs du réseau selon leur(s) compétence(s) permet d’en faire de meilleurs relais d’informations. Parce qu’il maîtrise un certain domaine ou qu’il en est intéressé, l’ambassadeur doit recevoir des informations en relation avec celui-ci afin qu’il ait directement l’information qu’il souhaite. Cela permet à l’ambassadeur d’utiliser plus fréquemment les informations proposées par les coordinateurs car elles sont censées directement l’intéresser et de relayer correctement l’information envers les cibles, car il les maîtrise.

Simplification des informations à relayer

A côté de la segmentation de l’offre d’informations proposée aux ambassadeurs par les coordinateurs, il est également important de rendre cette dernière la plus simple possible à comprendre. Il est évident que simplifier le message adressé aux ambassadeurs pour qu’ils le relaient est pertinent pour éviter que des erreurs de codage-recodage s’opèrent.

Simplifier le message ne signifie pas le rendre sans fond. L’essence, le fond du message doit rester intact mais la forme peut être simplifiée, vulgarisée pour qu’il soit plus simple à relayer ou plus simple à être pris comme source d’inspiration pour les messages des ambassadeurs aux publics.

Outils plus attractifs

Il a été constaté que certaines dérives pouvaient émaner du fait que les ambassadeurs ne s’inspiraient pas assez des outils proposés par les coordinateurs. Une des raisons de cette non utilisation des outils était le fait que ces derniers n’usaient pas assez du potentiel du web 2.0 qui permet de rendre ces outils plus simples, intuitifs et donc attractifs. Quels outils peuvent et doivent bénéficier de cette évolution du web pour gagner en popularité ?

Le premier outil serait la formation des ambassadeurs. Ce service offert par les coordinateurs est primordial afin de permettre à ces derniers de pouvoir communiquer sans erreurs[8]. Comme les employés d’une entreprise devant être quelque peu formés à leur nouvel emploi, les nouveaux ambassadeurs doivent recevoir une petite formation afin de comprendre leur nouveau rôle et ce qu’il implique.

Il est clair que former chaque ambassadeur, surtout dans le cas où le réseau est grand et que ses membres ne résident pas tous sur le territoire en question, est utopique. Les sessions d’intégration comme le propose Nord-Pas de Calais, La Créativallée sont une excellente initiative mais leur fréquentation reste peu élevée malgré le fait que les ambassadeurs habitent majoritairement la région. Il peut en effet paraître contraignant pour le nouvel ambassadeur de devoir se déplacer pour avoir des explications sur son nouveau rôle qu’il exécute, rappelons-le, bénévolement. Dès lors, pourquoi ne pas user des TIC pour remédier à ce problème ? Expliquer comment jouer son rôle d’ambassadeur de la meilleure manière possible via des capsules vidéo hébergées sur le site internet de la démarche pourrait être intéressant. Cela permet à l’ambassadeur d’avoir les informations nécessaires par rapport à sa formation assez rapidement et sans devoir se déplacer. Il est clair qu’une capsule vidéo est moins efficace qu’une formation en direct, néanmoins, cela permet de toucher beaucoup plus de monde.

Le kit de promotion est un autre outil pouvant bénéficier des TIC pour être plus attractif et donc plus populaire de la part des ambassadeurs. En le rendant plus interactif et intuitif, il n’en deviendra que plus populaire. Cela se voit avec le kit de promotion d’OnlyLyon qui est deux fois plus utilisé par les ambassadeurs que celui de Nord-Pas de Calais, La Créativallée dû notamment à sa parfaite intégration au web 2.0.

Que ce soit pour permettre la formation d’une plus grande partie des ambassadeurs ou une plus grande utilisation du kit de promotion, les TIC semblent donc être une bonne solution.

« Coproduction » sur le pilotage de la démarche

Les actions de coproduction avec les ambassadeurs envisagées pour faire évoluer la démarche de marketing territorial sont importantes à effectuer. En permettant à certains ambassadeurs de pouvoir assister à certaines réunions avec les gestionnaires de la démarche et de pouvoir donner leur avis, ces derniers pourront être au cœur même des décisions concernant la démarche de marketing territorial. Ainsi, certains ambassadeurs deviennent presque de véritables experts ou connaisseurs à propos du territoire, ses valeurs et ses atouts à promouvoir et peuvent ainsi, une fois qu’ils communiquent aux publics, le faire avec justesse et donc sans dérives.

L’analogie concernant les employés d’une entreprise peut être faite. En effet, les membres d’une entreprise travaillant sur un dossier et se voyant lors de réunions pour en parler, apprennent à maîtriser le dossier parfaitement. Ils sont les mieux à même pour en parler sans difficulté.

Que ce soit une réunion au sein d’une entreprise ou une réunion de « coproduction » avec quelques ambassadeurs, il est évident que le nombre de participants est limité. Il est évident que tous les ambassadeurs ne peuvent assister à ces réunions de coproduction vu le nombre généralement élevé d’ambassadeurs au sein d’un réseau et le possible éloignement de leur lieu de résidence.

Créer un sentiment de privilège

Tout comme le fait de participer aux réunions de « coproduction », le fait de permettre aux ambassadeurs de bénéficier d’informations concernant le territoire en avant-première crée chez eux un sentiment de privilège[9]. En effet, si les coordinateurs envoient les actualités du territoire aux ambassadeurs avant de l’envoyer au grand public, cela permet de motiver les ambassadeurs à les utiliser et à les diffuser, car ils se sentent privilégiés.

Ainsi, il semble important que les informations mises à disposition des ambassadeurs concernant l’actualité du territoire via newsletters, page Facebook, compte Twitter, site internet ou autres, doivent être de nature à créer chez ces derniers un sentiment de privilège, les motivant ainsi à utiliser et diffuser ces informations[10]. Cela peut servir à pallier les dérives issues des communications des ambassadeurs qui, habituellement, ne s’inspirent pas des informations fournies par les coordinateurs.

Garder les réunions de type « physique »

Si les réunions de type « physique » servent essentiellement à créer chez les ambassadeurs un sentiment d’appartenance au territoire et à la communauté, un sentiment de fierté et une certaine motivation, elles sont également utiles pour rappeler aux participants les valeurs du territoire dans un climat détendu.

Tout comme les séminaires proposés par les entreprises pour regrouper, le temps d’une journée ou d’un week-end, leurs employés afin de les rendre attachés à l’entreprise et de leur rappeler les valeurs de la maison, les réunions de type « physique » organisées pour les ambassadeurs semblent être du même ordre.

Que ce soit via les « Apéro » d’OnlyLyon ou les visites d’entreprises de Nord-Pas de Calais, La Créativallée, ces événements permettent de rappeler les valeurs du territoire aux ambassadeurs dans un cadre détendu et permettant à ces dernières d’être mieux entendues et comprises par les intéressés.

Missions claires venant des coordinateurs

Comme les missions confiées aux employés d’une entreprise par les managers, les missions demandées aux ambassadeurs par les coordinateurs doivent être claires, précises et compréhensibles. Les missions doivent clairement apparaître sur le site internet de la démarche et être compréhensibles afin que les ambassadeurs sachent ce qui est attendu de leur part et qu’ils tentent d’agir en conséquence.

Base théorique disponible et compréhensible

Outre le fait d’avoir une stratégie de marketing territorial claire[11], il est important de pouvoir la communiquer aux ambassadeurs de la meilleure manière possible. Il s’agit de rendre les informations concernant la démarche de marketing territorial initiée par le territoire compréhensible et disponible pour les ambassadeurs. Cela permet aux ambassadeurs de connaître avec précision les valeurs du territoire dans sa démarche de marketing territorial et de pouvoir les faire refléter lorsqu’ils communiquent aux publics.

Ces informations sont souvent regroupées dans une rubrique du site internet de la démarche ou dans un fichier pdf disponible également sur le site sous le nom de « code de la marque » ou « valeurs de la marque ».

Eviter le niveau de saturation

Afin d’éviter que les ambassadeurs se lassent de lire les messages venant des coordinateurs, il serait judicieux de ne pas leur en envoyer trop souvent. Afin que les ambassadeurs restent motivés à l’idée de recevoir et de lire les messages issus des coordinateurs, il ne faut pas les noyer dans une masse d’informations. Prenons l’exemple de la Newsletter. Il est important d’en envoyer au maximum une toute les 2 semaines. Selon Mathilde Fernet, une des responsables du réseau d’ambassadeurs de Nord-Pas de Calais, La Créativallée, l’envoi plus fréquent de la newsletter risque de créer un niveau de saturation chez les ambassadeurs et d’entraîner, de facto, une réticence à la lecture de ces nouvelles qui seraient dès lors trop encombrantes[12].

Moyens humains et financiers à ne pas négliger

Pour pouvoir fournir aux ambassadeurs une offre de services conséquente et de qualité, il est indispensable d’avoir des moyens financiers et humains importants. Il faut « rendre fiable la capacité d’organisation [du réseau] avant d’appuyer sur le bouton démarrer[13] ».

Des moyens financiers doivent en effet être débloqués afin de permettre la création d’outils pour communiquer aux ambassadeurs mais aussi les gérer. En outre, les moyens financiers permettent de payer les services des coordinateurs qui constituent les moyens humains indispensables au bon fonctionnement du réseau et à sa qualité.

Par ailleurs, il faut s’assurer que les coordinateurs engagés répondent à 4 critères majeurs correspondant à leurs compétences. En effet, il est nécessaire que les coordinateurs aient les compétences suivantes : « des compétences en networking, des connaissances en marketing territorial, des compétences dans les TIC et enfin des compétences de rédaction[14] ».

Par « les compétences de rédaction », on signifie avoir la capacité à « transmettre correctement les valeurs de la marque et donner un ton en accord avec elle[15] ». Donner le bon ton signifie « maîtriser sa langue et ancrer son discours au moyen d’un corpus de mots-clés qui permettront de clarifier l’offre, d’insister sur ses avantages et dans le même temps de renseigner l’image de la marque [16]». Cette compétence est tout à fait primordiale.

Ces considérations relatives aux moyens financiers et humains sont essentielles. Si elles ne sont pas prises en compte, le réseau sera inefficace et peu qualitatif.

Le rôle indispensable du community manager

Au sein des coordinateurs, il est essentiel de nommer un community manager. C’est-à-dire : « un modérateur du réseau d’ambassadeurs, défini comme une personne chargée d’animer la communication avec le réseau et les interactions entre les ambassadeurs[17] »

Tout comme le manager d’une entreprise devant instaurer un bon climat et devant être à l’écoute de ses employés pour régler les problèmes ou les questions pouvant survenir au sein de son service, le community manager doit être à l’écoute du réseau d’ambassadeurs et y instaurer un climat agréable via une plateforme bien gérée. Cette plateforme est le réseau social ou l’extranet dédié aux ambassadeurs.

Le fait d’être à l’écoute des ambassadeurs est extrêmement important. Cette activité spécifique au community manager se nomme le « customer listenning »[18] et « permet d’entretenir une relation directe, durable et fructueuse avec une communauté [19]». Concrètement, en plus d’avoir le sentiment d’être entendu, les ambassadeurs peuvent obtenir des réponses à leurs questions. De plus en plus d’ambassadeurs se tournant vers le community manager du réseau pour avoir des éclaircissements par rapport à une interrogation, il est essentiel pour les coordinateurs d’en nommer un, afin qu’il puisse, par un message direct, aider l’ambassadeur et permettre ainsi à celui-ci de jouer correctement son rôle et donc aussi de communiquer sans dérives.

De plus, être à l’écoute des questions des ambassadeurs par rapport à leur rôle de communicant permet au community manager de repérer les questions les plus fréquemment posées. Ainsi, le community manager peut établir des exemples de bonne pratique reflétant les réponses aux questions les plus fréquemment posées et les poster sur la plateforme.

Autre aspect important du rôle du community manager au sein d’un réseau d’ambassadeurs, c’est le fait qu’il instaure un climat agréable au sein du réseau via une plateforme gérée efficacement. Favoriser les échanges entre ambassadeurs et alimenter la plateforme dédiée d’actualités intéressantes, rend cette dernière attractive. Les ambassadeurs seront plus motivés à aller sur la plateforme et, pourquoi pas, à utiliser les actualités présentes et les rediffuser à leurs contacts. Cela peut servir à réduire les dérives venant des communications des ambassadeurs ne s’inspirant pas, habituellement, des informations fournies pas les coordinateurs.

Une pluralité d’outils pour une meilleure exposition aux informations

Les ambassadeurs utilisant peu les outils mis à leur disposition – préférant les informations issus des médias -, il est utile de diffuser, via plusieurs outils, la même information ou actualité en rapport avec le territoire et que les coordinateurs souhaitent leur faire relayer. En effet, par une diversité d’outils mis en place, les coordinateurs peuvent améliorer l’exposition des informations envoyées aux ambassadeurs et ainsi permettre à celles-ci d’être plus relayées.

Les outils tels que la page Facebook, le compte Twitter, la newsletter, l’application smartphone, le widget ou autres sont donc utiles dans l’objectif de réduction des dérives car ils permettent aux ambassadeurs s’inspirant très peu des informations disponibles sur les outils mis en place par les coordinateurs de néanmoins tomber sur l’information et de l’utiliser.

Charte

Dans toute entreprise, un contrat doit unir l’employé et cette dernière. Il est le garant du bon déroulement des opérations que l’employé devra effectuer et fournit une protection juridique à l’employé mais aussi à l’entreprise en cas de problèmes. Pour le réseau d’ambassadeurs, c’est plus ou moins la même chose excepté le fait que l’on ne parle pas de contrat mais de charte – qui s’apparente aux conditions générales d’utilisation.

Il est en effet intéressant, obligatoire même, de faire accepter par l’ambassadeur des règles se trouvant dans une charte, afin d’éviter certains problèmes. La charte est une couverture juridique permettant aux coordinateurs de pouvoir réprimander certaines actions des ambassadeurs ; la plus courante étant le fait d’utiliser, de la part de l’ambassadeur, le logo de la démarche dans des démarches commerciales.

L’acceptation d’une charte est une condition sine qua non à l’inscription effective de l’ambassadeur au sein du réseau afin de permettre à la démarche de marketing territorial de pouvoir jouir d’une protection juridique.

Campagne de relation publique

La majeure partie des ambassadeurs s’inspirent des médias pour promouvoir le territoire. Dès lors, il serait logique que l’organisme pilote de la démarche de marketing territorial réalise des campagnes de relation presse relativement importantes et agressives pour tenter d’avoir un peu plus de contrôle sur les actualités en rapport avec le territoire dans les médias.

Ainsi, cela augmentera la proportion d’informations émanant de la démarche de marketing territorial du territoire utilisée par les ambassadeurs dans leur rôle de communicant.

Surveillance et rectification

Si toutefois, malgré toutes les précautions prises, certains ambassadeurs communiquent avec des dérives, il est utile de pouvoir les repérer et de les rectifier.

Comment repérer les dérives ? Il existe des programmes tels que les alertes produites par certains fournisseurs internet – alerte Google par exemple – qui permettent de traquer au quotidien comment la marque évolue sur la toile. A côté de cela, certains ambassadeurs peuvent faire remarquer, via le community manager du réseau, certaines pratiques exécutées par les ambassadeurs et qui semblent erronées.

Une fois les dérives repérées, il importe aux coordinateurs, souvent via le community manager, de rectifier l’erreur si possible et de contacter l’ambassadeur pour lui expliquer pourquoi son message était erroné.

[1] Entretien mail avec Joël Gayet le 22/3/2014

[2] Entretien mail avec Jean-Marc Devanne 22/3/2014

[3] Entretien mail avec Joël Gayet le 22/3/2014

[4] « Make sure that ambassadors that are chosen are motivated to support the brand identity, through for example a screening process », Entretien mail avec Marcus Anderson le 26/4/2014, Traduction par l’auteur.

[5] Anderson (Marcus), Asplund (Christer), Byström (Mikael), Ekman (Per), Tools and strategies for innovative talent attraction and retention, Kalmar (Sweden), Tendensor AB, 2014, p. 97.

[6] Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 47.

[7] « Quelle excellence », Blog de Brandingmy city, (Ce blog rassemble des réflexions personnelles sur la marque de territoire d’une ville européenne de taille moyenne. Il est alimenté à partir de lectures, de sites internet, d’échanges avec des collègues d’autres villes, d’expériences …), URL : http://brandingmycity.blogspot.be/2013/01/quelle-excellence.html, consulté le 12/3/2013.

[8] Entretien mail avec Jean-Marc Devanne 22/3/2014

[9] http://www.e-marketing.fr/Marketing-Direct/Article/COMMENT-TRANSFORMER-LES-CLIENTS-EN-AMBASSADEURS-DOPER-LA-REPUTATION-DE-SA-MARQUE-43070-1.htm.

[10] Chéreau (Matthieu), Community management, Comment faire des communautés web les meilleurs alliées des marques, Paris, Dunod, 2012, p. 52

[11] Entretien mail avec Marcus Anderson le 26/4/2014

[12] Entretien de recherche avec Mathilde Fernet réalisé le 24/1/2014 à Marcq-en-Baroeul

[13] « Securing the organisational capacity before pushing the start button », Anderson (Marcus), Asplund (Christer), Byström (Mikael), Ekman (Per), Tools and strategies for innovative talent attraction and retention, Kalmar (Sweden), Tendensor AB, 2014, p. 97, Traduction par l’auteur.

[14] « Networking skills, place branding knowledge, IT skills and editorial skills », Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks and place branding », Journal of Place Management and Development, Vol. 2 N°1, 2009, p. 50, Traduction par l’auteur.

[15] Chéreau (Matthieu), Community management, Comment faire des communautés web les meilleurs alliées des marques, Paris, Dunod, 2012, p. 18.

[16] Chéreau (Matthieu), Community management …, id.

[17] « A moderator of the ambassador network, defined here as an individual charged with moderating the communication with and the interaction within the network, Anderson (Marcus), Ekman (Per), « Ambassador networks …, id, Traduction par l’auteur.

[18] Balagué (Christine), Fayon (David), Facebook, Twitter et les autres… Intégrer les réseaux sociaux dans une stratége d’entreprise, Paris, Perason Education France, 2010, p. 79.

[19] Chéreau (Matthieu), Community management, Comment faire des communautés web les meilleurs alliées des marques, Paris, Dunod, 2012, p. 22.